Constat n La question de la relève dans le théâtre est encore une fois posée par des observateurs qui estiment qu'il est impératif de former le public de demain et d'assurer en conséquent la continuité et la circularité dans la pratique théâtrale. Force est alors de constater que, dans la plupart des cas, le théâtre algérien peine à rassembler son public. Les salles sont pratiquement désertées par le public ; seulement les amateurs – inconditionnels – de l'art des planches qui s'y rendent pour voir une pièce. En effet, en dehors des générales où les salles sont pleines parce que le public est invité, les pièces sont jouées dans lieux de spectacles quasi vides, devant une assistance clairsemée. Et pour cause, le public a perdu l'habitude de sortir, de prendre le chemin des théâtres et autres espaces de représentation. En plus, l'ancienne génération a failli en quelque sorte à son devoir, celui de transmettre à la nouvelle la passion pour l'art et le divertissement artistique. D'où la question : de quelle façon peut-on relancer le public, à l'inciter à aimer l'art, à se l'approprier pour en faire sa seconde nature. Pour les observateurs, il est important d'inculquer l'art dès le jeune âge, en l'intégrant à l'enseignement scolaire, car tout commence, estiment-ils, à l'école. C'est ainsi que Larbi Attaoui, spécialiste en théâtre pédagogique, tient, lors d'une rencontre au Théâtre nationale algérien, à mettre l'accent sur «la nécessité d'inclure le théâtre et le drame dans les programmes scolaires et même dans les cours». Il souligne, à cet effet, «la nécessité pour l'enseignant de concilier pédagogie et théâtre, d'autant que le théâtre est une occasion en or pour découvrir des talents parmi les élèves». De son côté, l'académicien Smaïl Bouzidi explique «l'importance du théâtre à l'école pour la réalisation des principes de l'éducation en vigueur au niveau international en particulier les principes linguistiques». Il estime donc que «le théâtre éducatif avait pour stratégie le développement linguistique des élèves notamment la lecture des dialogues qui nécessitent une révision de la méthode de leur présentation aux élèves». Quant à Mustapha Boukhtala, psychologue, il insiste sur «la nécessité d'établir un lien entre la propagation de la violence scolaire et l'absence du théâtre éducatif». Il précise en outre que «l'école algérienne est un terreau qui regorge de talents et nécessite aujourd'hui de s'ouvrir sur différents domaines artistiques dont le théâtre». C'est dire qu'enseigner le théâtre dans les écoles, c'est permettre non seulement de mettre en place une dynamique ayant pour but de faire aimer l'art en vue de former le public de demain, mais aussi de l'initier aux élèves pour faire de ces derniers les futurs acteurs de la pratique théâtrale. L'école devient un tremplin pour les futurs pratiquants de l'art des planches dans ses différents domaines : actorat, mise en scène, dramaturgie (ou écriture), scénographie… Et c'est pour cette raison que des ateliers de formation pour l'insertion du théâtre dans le programme des trois cycles de l'enseignement ont été lancés depuis le 27 mars et qui s'étaleront jusqu'en novembre, «en vue d'enseigner le théâtre en tant que matière à part entière», selon Mohamed Yahiaoui, directeur du Théâtre national. Rappelons que ces ateliers auxquels prendront part des spécialistes de l'éducation et du théâtre s'inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de la convention cadre, signée en mars 2015, entre les ministères de la Culture et de l'Education, qui permet de développer les activités artistiques et culturelles en milieu scolaire. Enfin, notons que, toujours selon Mohamed Yahiaoui pour qui il est temps d'inscrire le théâtre en tant que matière, ces ateliers profiteraient d'abord aux enseignants des cycles primaire, moyen et secondaire, pour leur permettre de devenir des animateurs de théâtre au niveau de leurs établissements.