Résumé de la 5e partie n Au bout de trois semaines, Geneviève reparut ; elle était comme folle et point de nourrisson avec elle. On avait l'air de craindre que je ne lui rapprenne à parler comme chez nous. On se moquait de mes façons de dire ; elle a oublié les petites chansons qu'elle savait si bien chanter ; on lui met des robes toutes découvertes des épaules et des bras ; on l'enrhumera. Je faisais la sourde oreille, mais j'entendais bien, au bout de quinze jours, qu'on avait assez de moi. Sont-ils ingrats, ces bourgeois, moi qui leur ai donné une si belle fille, le sang de mon sang, à la place d'une grimaude ! Je ne veux plus qu'elle reste là, la Léontine ; ils me l'abîmeraient avec leurs mauvais soins ; et puis elle ne m'aimerait plus, elle ne voudrait plus de moi pour sa mère ; je ne veux plus qu'elle y reste. Je vais leur rendre la leur et reprendre mon bien ; qu'ils s'arrangent. Et toute la journée elle ne répétait plus autre chose : – Je ne veux pas qu'elle y reste ; chacun son bien. Là-dessus, Gardin n'était point sans inquiétude ; il craignait la prison, le brave homme. – Faut de la patience, disait-il à sa femme ; nous trouverons peut-être un moyen. Mais elle, elle était comme une lionne, et de patience ni de moyen, elle ne voulait entendre parler. Il obtint pourtant qu'ils iraient ensemble chez l'avocat de Bellesme, dût-il leur en coûter dix sous, dût-il leur en coûter vingt sous. Tout en suivant la route à travers la forêt, ils se disaient : – Comment lui conter cela ? Il nous donnera sûrement un bon conseil pour ne pas aller en prison ; mais pourtant faut pas trop lui en dire. Si bel et si bien que, quand ils mirent le pied sur les degrés de sa porte, ils ne savaient plus trop comment ils allaient s'expliquer ; et c'était bien pis quand la gouvernante les eut fait monter dans la chambre. – Qu'est-ce que vous voulez ? leur dit l'homme de loi. – Il y a eu, dit Gardin, il y a eu une erreur de commise. – Quelle erreur ? leur dit l'avocat en les regardant fixement à travers ses lunettes. – C'est des nourrissons, répondit la Geneviève. Il y en avait deux, on a rendu l'un pour l'autre ; il n'y a pas grand mal à ça, n'est-ce pas, monsieur ? Mon homme voit toujours tout en noir. Il suffit qu'on reprenne l'un et qu'on rende l'autre, est-ce pas vrai ? – Ma bonne femme, dit l'homme de loi, si vous voulez que je vous entende, il faut mieux s'expliquer que cela. Quels étaient ces nourrissons ? à qui étaient-ils ? A suivre Charles-Philippe de Chennevières-Pointel