L'enfant autiste, qui a des besoins particuliers d'écoute d'amour et d'attention, se heurte au contraire, et bien souvent, à un déni des parents dont les réactions peuvent aggraver son cas. Les parents ne sont pas coupables pour autant. Ils ont, eux-mêmes besoin d'être sensibilisés, informés, mais aussi écoutés et accompagnés pour qu'ils puissent dépasser leur traumatisme. Découvrir que son enfant est autiste est la plupart du temps une chose très dure à accepter, mais ce qui l'est encore plus c'est le fait de trouver un grand nombre de difficultés et de problèmes à surmonter pour prendre en charge son enfant sur le plan médical et surtout psychologique. Cette question a été abordée hier par le Pr Madjid Tabti de l'établissement public hospitalier de Chéraga qui a fait le point sur certains comportements négatifs des parents envers leurs enfants après le diagnostic de cette maladie. «Nous constatons souvent une tension entre l'enfant autiste et sa famille et les parents mettent beaucoup de temps pour se familiariser avec celui-ci, ce qui complique sa situation et retarde sa prise en charge», a-t-il précisé. Le Pr Tabti qui intervenait lors de la journée sur l'autisme organisée par l'association Ajegu Alemas à la maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, a signalé que des confrontations parents-enfants autistes sont «très récurrentes» dans la société algérienne et l'incompréhension de la personne malade entraîne dans la majorité des cas «une dépression» chez les parents qui refusent l'idée de la maladie, à cause de leur inconscience et l'absence d'une prise en charge psychologique. Un travail de longue haleine basé sur des méthodes éducatives doit être mené avant d'amener l'enfant à la compréhension, puis l'établissement d'un contact et la coopération dans une troisième phase, a-t-il fait savoir. Il a signalé dans le même ordre d'idées que tout schéma de travail avec un enfant autiste doit prendre en compte trois principales étapes, à savoir l'intérêt, l'attention puis l'action. Ce processus évitera aux parents les confrontations et les incompréhensions qui poussent la personne malade à se renfermer davantage et rejeter tout contact avec le monde extérieur. Rencontrée au CHU de l'hôpital Mustapha-Pacha, il y a quelques semaines, une mère d'un enfant autiste nous a fait part des difficultés qu'elle a dû affronter pour assurer à son enfant une bonne prise en charge sanitaire. «C'est un calvaire d'avoir un enfant autiste en Algérie». Et d'ajouter «pour éviter son isolement j'ai été contrainte de placer mon fils dans un centre d'autisme à Birkhadem, mais malheureusement, j'ai déboursé une somme d'argent colossale sans résultat, en raison de l'absence d'une bonne prise en charge psychologique. Les autres centres d'autisme qui existent à Alger ne sont pas mieux lotis», a-t-elle regretté, qualifiant ces derniers de «lieux de gardiennage». Plus positive, Yamina, la soixantaine, mère d'un enfant autiste (21 ans aujourd'hui) se félicite de son courage et de sa patience lui ayant permis de surmonter tous ces problèmes et faire grandir son enfant dans de bonnes conditions. «Je me suis battue, j'ai payé cher pour Ahmed qui a été placé depuis son enfance dans un bon centre spécialisé», a-t-elle témoigné. «les parents ont besoin de soutien»,a-t-elle cependant plaidé.