Galère n A deux kilomètres de la ville, notre chauffeur Mustapha a eu l'aimable initiative d'embarquer avec nous un vieux avec sa femme qui attendaient un moyen de transport pour aller à Mihoub depuis plus de deux heures. «Nous étions à El Harrach (Alger) chez notre fille aînée pour fuir le séisme. Ma fille âgée de 12 ans est traumatisée», nous dira la mère. En effet, un climat de morosité et de tristesse règne dans la localité qui est en plus sous l'emprise d'une grande panique. Les sinistrés que nous voulions interviewer étaient expéditifs et pressés de s'en aller, «pourquoi courez-vous comme ça ?» avons-nous demandé à El hadja Taous, fille de chahid. «J'ai peur d'être surprise par une forte secousse. Tout le monde dit qu'on doit s'attendre à un fort tremblement de terre d'une plus grande magnitude. Allah yester», nous lancera-t-elle en sortant à la hâte nous laissant derrière elle. En effet, une vraie psychose règne au sein des familles qui se trouvent dans la rue et dans l'école primaire. «Des tentes en plastique sont installées par-ci par-là, nous demandons une solution rapide à notre situation comme des chalets». Certains habitants de la localité s'interrogent de leur côté «que se passe-t-il sous la terre ? est-ce dû au barrage Koudia el sardoune ? Engagez des experts et faites des enquêtes» nous crie Abderrahmane. «On demande une solution urgente comme des chalets à l'approche du mois de Ramadan» enchaine Djamel devant son appartement à Hay Berriche «Nous occupions ces logements sociaux depuis 2003 uniquement. Ils sont en ruine» se désole-t-il. «Certaines constructions ont été classées orange alors qu'elles devraient être classées rouge» nous dit un autre. Un grand nombre de chefs de famille sont devant l'entrée principale de la commune «on revendique des tentes.» dit l'un d'eux «donnez-nous des tentes par familles sinistrées et non pas comme ça anarchiquement» lance un autre en colère. D'autres citoyens étaient restés devant chez eux «personne n'est venu nous voir sauf les entreprises chargées de démolir nos maisons classées rouge. Ils nous ont juste demandé de vider les lieux. On ne sait même pas où aller». On rencontre Ali Bougaroumi handicapé amputé des deux jambes âgé de 61 ans. Il a été évacué avec sa famille et d'autres au niveau de l'école primaire mitoyenne «des bienfaiteurs nous ramènent du pain de Ain Bessam et Boumerdès» nous dira t-il. Venu du Douar Ouled Ameur ce vieux est choqué à cause des fissures «nous avons peur d'un grand séisme. C'est tout le monde qui en parle. Chez moi c'est plus de peur que de mal.» nous a-t-il déclaré. Terriblement choqué, un père de famille de Rahabiya à 2 km de Mihoub nous a indiqué que les habitants ont très peur et passent leurs nuits dehors sans aucuns moyens, leurs maisons sont très touchées. S. L. Bedoui et Meslem sur les lieux l Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nourredine Bedoui a effectué samedi matin une visite à la wilaya de Médéa, accompagné de la ministre de la Solidarité Nationale, Mounia Meslem. Il s'est rendu dans les zones sinistrées. La localité de Tizi Mahdi a reçu au cours de la même journée des dons de la part du Croissant Rouge Algérien (Cra) en présence de sa présidente Saida Benhabiles qui a visité à l'occasion les Daira d'El Azizia, Ouzra, Sidi Mahdjoub et Sidi Naamane. 500 couffins ont été distribués aux sinistrés à l'occasion du mois de Ramadan à Tizi El Mahdi, Bouaichoune, Bouchrahil et El Guel Kbir. S. L. Des sinistrés oubliés depuis 2013 l En faisant le tour des quartiers et des maisons fissurées ou en ruine, nous avons été interpellés par une dizaine de familles qui occupe l'ancien siège de la garde communale à quelques encablures du siège de la commune de Mihoub «nous sommes des sinistrés du séisme de 2013. Nous sommes 10 familles. Nous avons été oubliés» nous dira Salim. En effet, des tentes en plastique sont montées au milieu de la grande cour, les salles sont fissurées et menacent ruine. Ils vivent entassés et souffrent aussi de manque d'eau. S. L. Le recensement des sinistrés toujours en cours l Le recensement des sinistrés est toujours en cours selon Karim Benhafsi, le chargé de communication de la direction de la protection civile (Dpc) de Médéa. 133 tentes ont été distribuées jusqu'à 23h le 30 juin en plus de 28 tentes par l'Apc de Mihoub et 27 autres par la commune de Azizia. Le nombre des familles dépassent les 300 selon lui «le problème c'est que même les familles dont les constructions n'ont pas été touchées sont restées dehors de peur des répliques», nous a-t-il indiqué «les tentes ne doivent pas être anarchiquement distribuées mais par priorité» nous a-t-il. Ainsi, 35 équipes techniques du sud, est et l'ouest du pays sont sur les lieux. Ils s'ajoutent à l'équipe composée de la sureté nationale, la Das et la Dpc de Médéa. Le directeur général de la protection civile de la wilaya de Médéa, nous a informés que durant le mois de Ramadan les repas seront pris en charge par ses services tout autant que l'accompagnement sanitaire et psychologique de la population. Selon lui, 40 répliques ont été enregistrées dans cette la zone qui connaît une activité sismique ordinaire naturelle bien que beaucoup disent que ce phénomène n'était pas normal «nous avons installé un dispositif mobile suite à cela afin de les accompagner. Tant que les répliques récidivent notre dispositif ne sera pas enlevé». Pour les candidats au baccalauréat aucune absence n'a été notée selon son information durant l'examen selon le même responsable «ils ont été accompagnés à Mihoub et Azizia» nous a-t-il affirmé.Un poste médical avancé et une tente de psychologues se trouvent au niveau poste de commandement à l'entrée de la ville de Mouhoub.