Résumé de la 3e partie n C'est quand elle décida de franchir une dernière butte, qu'elle vit le petit chalet recherché. Il y avait une pompe sous un appentis à gauche du chalet, à moitié caché par les longues ramures des sapins. Elle tenta d'imaginer le jeune Erich venant ici avec sa mère. «Caroline aimait ce chalet tel qu'iI était, lui avait-il raconté. Mon père désirait le moderniser, mais elle n'a jamais voulu en entendre parler.» Insensible au froid, à présent, Jenny s'approcha de la première fenêtre. Tirant le marteau du sac à dos, elle frappa un grand coup sur la vitre. Des éclats de verre lui frôlèrent le visage. Elle ne sentit pas le filet de sang qui gela en coulant sur sa joue. Prenant soin d'éviter les pointes acérées, elle tendit le bras à l'intérieur, déverrouilla et souleva la fenêtre à guillotine. Déchaussant ses skis, elle enjamba le rebord peu élevé de la fenêtre, écarta le store et pénétra à l'intérieur du chalet. C'était une seule pièce d'environ six mètres sur six. Placé contre le mur orienté au nord se détachait un poêle colonial avec sa réserve de bûches soigneusement empilées. Autour étaient rassemblés un canapé en velours à haut dossier et larges bras et quelques fauteuils assortis. Un tapis d'Orient aux tons fanés recouvrait presque la totalité du plancher en pin clair. Près des fenêtres de devant, une longue table et des bancs. Dans un coin, un rouet paraissant encore en état de marche. Sur un imposant buffet en chêne trônaient des porcelaines bleues à motifs chinois et des lampes à huile. Un escalier raide prenait sur la gauche. Sur le côté se trouvaient des rangées de casiers remplis de toiles non encadrées. Les murs étaient en bois blanc, sans nœud, lisses et couverts de tableaux. Jenny alla machinalement de l'un à l'autre. Le chalet était un musée. Même la pénombre ne parvenait pas à cacher la beauté délicate des huiles et des aquarelles, des fusains et des dessins à la plume. Erich n'avait pas encore montré le meilleur de son œuvre. Comment réagirait la critique à la vue de tels chefs-d'œuvre ? Quelques-unes des toiles accrochées au mur étaient déjà encadrées. Sans doute celles qu'il avait l'intention d'exposer la prochaine fois. Le nourrisseur dans une tempête d'hiver. Qu'y avait-il donc de si particulier dans ces tableaux ? La biche, tête levée, aux aguets, prête à s'enfuirdans les bois. Le veau, cherchant à téter sa mère. Les champs bleus de luzerne fleurie, à quelques jours de la moisson. L'église congrégationaliste et les fidèles se pressant pour l'office. La rue principale de Granite Place, évoquant une sérénité intemporelle. En dépit de sa détresse, Jenny ressentit pendant un instant une impression de quiétude et de paix devant la beauté sensible de l'ensemble. Finalement, elle se pencha sur les toiles sans cadre dans le premier casier. A nouveau, elle fut saisie d'admiration. A suivre