Résumé de la 4e partie n En dépit de sa détresse, Jenny ressentit pendant un instant une impression de quiétude et de paix… L'étonnante dimension du talent d'Erich, son art de peindre les paysages, les gens, les animaux, avec une égale autorité ; la gaieté du jardin d'été avec la voiture d'enfant,le... Et elle l'aperçut. Sans comprendre, elle se mit à chercher fébrilement parmi les huiles et les dessins dans les autres casiers. Le long du mur, elle courut d'une toile à l'autre. Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur. Inconsciemment, elle se dirigea en titubant vers l'escalier, grimpa les marches quatre à quatre jusqu'à l'atelier. La pente du toit força Jenny à se baisser en atteignant la dernière marche avant d'avancer dans la pièce. En se redressant, elle reçut en plein visage une explosion de couleurs cauchemardesques. Frappée d'horreur, elle contempla sa propre image sur le mur du fond. Un miroir ? Non. Le visage peint ne broncha pas à son approche. Le dernier rayon du crépuscule filtrant par l'étroite lucarne venait zébrer la toile, comme s'il la désignait d'un doigt fantomatique. Un long moment, elle resta figée devant le tableau, incapable d'en détacher les yeux, enregistrant chaque détail grotesque, sentant sa bouche s'ouvrir mollement dans une angoisse indicible, entendant le son rauque qui lui montait aux lèvres. Elle parvint enfin à forcer ses doigts gourds et réticents à s'emparer de la toile. Quelques secondes plus tard, elle s'éloignait à skis du chalet, le tableau sous le bras. Le vent à présent plus fort la bâillonna, lui coupa la respiration, étouffant son hurlement. «Au secours ! Quelqu'un, je vous prie, à l'aide, au secours !» Le vent lui arracha son cri, le dispersant à travers laforêt envahie par l'obscurité. Manifestement, l'exposition des tableaux d'Erich Krueger, le peintre du Midwest récemment découvert, était un formidable succès. Le vernissage pour les critiques et les invités de marque commença à seize heures, mais les curieux avaient défilé dans la galerie pendant toute la journée, attirés par Souvenir de Caroline, le superbe portrait à l'huile exposé en vitrine. Jenny se faufila habilement d'un critique à l'autre, présentant Erich, bavardant avec les collectionneurs, veillant à ce que les serveurs repassent les plats d'amuse-gueules et remplissent les coupes de champagne. Dès l'instant où elle avait ouvert l'œil ce matin, la journée s'était annoncée difficile. Beth, habituellement si docile, avait fait des histoires pour aller à la garderie. Tina perçait ses molaires de deux ans et s'était réveillée en pleurnichant une demi-douzaine de fois pendant la nuit. Le blizzard du jour de l'An avait transformé New York en un vrai cauchemar d'embouteillages et de tas de neige grisâtre et glissante au bord des trottoirs. A suivre