Résumé de la 131e partie n Jenny n'avait pas envie de répéter les paroles de son interlocuteur au père de Mark. On n'a rien ajouté, rien modifié, rien déplacé. Peut-être est-ce pour cette raison que chacun ici ressent encore sa présence, comme si elle allait sortir en courant, toujours si contente de vous voir, vous priant de rester dîner. Après mon divorce d'avec la mère de Mark, Caroline prenait souvent Mark chez elle. Elle s'est montrée une seconde mère pour lui. — Et pour vous ? interrogea Jenny. Que représentait-elle pour vous ?» Elle lut une brusque souffrance dans le regard qu'il tourna vers elle. «Tout ce que j'ai jamais désiré chez unefemme.» Il s'éclaircit la gorge, comme s'il craignait d'en avoir trop dit sur lui-même. En sortant de la voiture, Jenny lui dit, «Lorsque Erich sera de retour, promettez-moi de venir dîner avec Mark. — Ce sera avec joie, Jenny. Vous êtes sûre de n'avoir besoin de rien ? — Oui.» Elle se dirigea vers la maison. «Jenny ?» Elle se retourna. Le visage de Luke était empreint de souffrance. «Pardonnez-moi. Mais vous ressemblez tellement à Caroline. C'est un peu effrayant. Jenny, soyez prudente. Prenez garde aux accidents.» Erich devait rentrer le 3 juin. Il téléphona le 2 au soir. «Jen, j'ai été malheureux comme les pierres. Chérie, j'aurais tout donné pour ne pas te savoir aussi tourmentée.» Elle se détendit. Mark avait raison, les bavardages finiraient par cesser. Si seulement elle pouvait se cramponner à cette idée. «Tout va bien. Nous allons finir par nous en sortir. — Comment te sens-tu, Jen ? — Assez bien. — Manges-tu mieux ? — J'essaye. Comment s'est passée l'exposition ? — Très, très bien. La Fondation Gramercy a acheté trois huiles. Très bien payées. J'ai eu de bonnes critiques. — Je suis tellement contente. A quelle heure arrive ton avion ? — Vers onze heures. Je serai à la maison entre quatorze et quinze heures. Je t'aime, Jenny.» La chambre lui parut moins menaçante ce soir-là. Allons, tout irait bien, se promit-elle. Pour la première fois depuis des semaines, elle dormit sans rêve. Elle prenait son petit déjeuner avec Beth et Tina lorsque l'affreux vacarme éclata, une cacophonie de hennissements sauvages mêlés à d'effroyables hurlements de douleur. «Maman !» Beth sauta de sa chaise et se rua vers la porte. «Reste ici», ordonna Jenny. Elle se précipita en direction des cris. Ils venaient de l'écurie. Clyde sortit en courant hors du bureau avec un fusil à la main «N'approchez pas, madame Krueger, n'approchez pas.» Elle ne l'écouta pas. Joe. C'était Joe qui hurlait. Il était dans l'écurie, ramassé contre le mur du fond, cherchant désespérément à esquiver les volées de coups de pied. Dressé sur ses pattes arrière, roulant des yeux exorbités, Baron battait l'air de ses sabots ferrés. Joe saignait de la tête. A suivre