Résumé de la 2e partie n Quel homme, quel père peut prétendre être un homme et un père en faisant cela ? Il veut l'enfant et il le menace de mort ? L'homme a ralenti sa course, il fatigue. Il n'a pas cessé de marcher depuis six heures du matin et a dû parcourir maintenant plus de vingt kilomètres. Il s'arrête un moment au bord de l'autoroute, peu avant le péage. La police est partout. Qu'espère-t-il ? Personne ne l'a encore approché et n'a pu discuter avec lui. Un policier va le tenter. Proposer unevoiture banalisée, et l'aéroport comme appât. Manifestement c'est ce que veut le fou. Un avion. Si l'on parvient à le faire monter dans une voiture, les hommes saisiront l'instant propice pour intervenir. Dans ce cas, l'instant sera court. Une seconde d'inattention qu'ils devront saisir, avec une parfaite coordination dans les gestes. — En quelques minutes tu seras à l'aéroport... La voiture est là, on te conduit... Allez, monte... On ne tentera rien... N'aie pas peur, reste calme... Il hésite, il tremble, la main crispée sur le manche du couteau ; l'enfant, au creux de son bras gauche, est silencieux, inerte. Du sang suinte de sa blessure à la clavicule. Le T-shirt en est recouvert. Le policier n'aperçoit qu'un tout petit bout de visage crispé, si blanc... tacheté du sang du père. L'homme se décide, avance, le regard traqué. On lui ouvre la portière à l'avant à côté du chauffeur ; il monte rapidement, s'installe sur le siège et le couteau reprend aussitôt sa place sur la gorge du bébé silencieux. La voiture, et son petit passager, démarre, suivie par le cortège des voitures de police. Une bretelle de l'autoroute mène en direction de la grande ville qu'il faudra atteindre, à une centaine de kilomètres de là, avant de filer ensuite sur l'aéroport international. Ce jour est un dimanche. Cette route est celle du soleil, le pays que veut rejoindre cet homme est en guerre. Déjà les radios on jeté l'information en pâture aux citoyens mal réveillés. On ne sait ni qui il est vraiment, ni quelle est sa folie, on ne sait qu'une chose : il emporte un prématuré de sept mois et demi, en lui tenant un couteau sur la gorge. La police ne peut toujours pas intervenir, et la ville approche : les premiers immeubles, la foule, les rues encombrées, toute la vie d'un dimanche matin qui se déroule innocemment. L'homme est tellement tendu et crispé qu'il a la bouche sèche et respire mal. Epuisé par des kilomètres de marche, il a soif. L'un des policiers propose d'une voix neutre : — Tu veux boire ? Il y a une épicerie devant nous. Je descends, j'achète une bouteille d'eau et on repart. Tu ne tiendras pas longtemps sans boire. D'accord ? Le regard fou du preneur d'otage tente de deviner le piège ; le couteau ne quitte pas d'un millimètre le cou de l'enfant. Boire, c'est tentant... Il est à bout de souffle, il souffre, pendant quelques secondes il hésite à dire oui. Comment faire pour boire sans lâcher l'enfant ? Il a trouvé : ne pas lâcher le couteau, et boire de la main gauche en gardant son précieux paquet. Il peut aussi ne pas boire du tout, il peut aussi descendre de voiture, se tenir suffisamment à l'écart pour avoir le temps de réagir. A suivre