Partir, tenter coûte que coûte l?aventure ailleurs, sans aucune certitude de réussir à se frayer un chemin dans une faune impitoyable : ils sont nombreux, aujourd?hui, à courir le risque. A peine sortis de l?enfance, ils ont décidé de prendre le large, convaincus que la vie «là-bas» est à la fois meilleure et plus facile qu?ici. La réalité n?étant pas toujours reflétée par les images de la télévision, ces enfants se retrouvent souvent, une fois en Europe, dans le dénuement total : sans abri, sans nourriture, sans habits? Selon des estimations non officielles, ils sont quelque 1 500 enfants et adolescents, âgés entre 11 et 18 ans, à avoir franchi le pas en quittant le pays, ces dernières années pour rejoindre la France principalement et y vivre. Certes, le phénomène ne date pas d?hier, mais il a pris des proportions alarmantes ces dernières années, même s?il demeure encore peu ou pas connu du grand public. Cela dit, ces mineures harraga, comme on les appelle dans le langage populaire, vulnérables qu?ils sont, surtout quand on sait qu?ils n?ont, dans la plupart des cas, que la rue comme refuge, constituent une cible facile et idéale pour les trafiquants de drogue, les proxénètes? Ainsi, il est très fréquent qu?ils cèdent à la tentation du gain «facile» et illicite. A vrai dire, ils ont rarement le choix, car pour vivre, pour ne pas dire survivre, en France ou ailleurs, il faut bien travailler, et pour travailler, il faut être majeur et en situation régulière, ce qui n?est pas leur cas. Malgré tous les problèmes auxquels ils sont confrontés, malgré leurs conditions de vie peu enviables, ces mineurs refusent de rentrer au pays, car ce serait synonyme d?«échec» et de «défaite» pour eux. Ils préfèrent continuer à souffrir dans l?espoir que cela change un jour. Pour leur part, leurs familles vivent un véritable cauchemar : sans nouvelles d?eux, elles ne savent plus à quel saint se vouer. Beaucoup d?entre elles ignorent même que leurs enfants sont à l?étranger.