Perfidie Belkacem et Mourad sont amis depuis l?enfance. D?une confidence naîtra un drame qui coûtera la vie à une vieille dame de 70 ans, retrouvée gisant dans une mare de sang, une hache plantée dans le crâne. Dans le quartier, on disait que rien ni personne ne pouvait nuire à la solide amitié qui les liait depuis leur tendre enfance? Combien ces braves gens se trompaient ! En effet, un drame des plus marquants a non seulement tué cette amitié, mais aussi fait naître dans les c?urs et les esprits une haine et un désir de vengeance incommensurables. Mourad G. et Belkacem L. partageaient tout depuis la maternelle. Exclus tôt de l?école, ils deviennent «adeptes» de délits en tout genre. Ayant du mal à se faire une place dans un appartement exigu, au sein d?une famille nombreuse, Belkacem était presque chaque soir l?invité de Mourad qui, lui, vivait dans un appartement spacieux avec sa mère âgée de 70 ans. Houria avait beaucoup d?estime et d?affection pour l?ami de son fils et le considérait comme un membre de la famille. Mourad aussi voyait en lui le frère qu?il n?avait pas eu et l?ami fidèle à qui il se confiait ouvertement. Le 13 juillet 2001, Mourad G., 26 ans, et Belkacem L., 27 ans, sont arrêtés pour vol et écopent d?une année de prison. Ils partagent la même cellule à la prison de Serkadji et leur amitié n?en est que renforcée. Mourad, surtout, avait une confiance aveugle en son ami de toujours. Il lui confiait le moindre détail de sa vie privée et de ses projets. C?est ainsi qu?il le mit au courant que, dès sa sortie de prison, il reviendrait sur le droit chemin grâce à la générosité de sa vieille mère. Houria G. avait des bijoux en or qu?elle projetait de lui donner afin de les revendre et d?ouvrir un commerce fructueux. Mourad a beaucoup de regrets quant à son passé tumultueux. Il rassure son ami en lui avouant qu?il comptait faire de lui son associé. Quelques mois plus tard, le 4 janvier 2002, Belkacem L. sort de prison pour bonne conduite. Quant à Mourad, il doit encore patienter. Le 19 février 2002, Houria G., 70 ans, est retrouvée morte dans son appartement à Bachedjarah. Un crime crapuleux : le crâne défoncé avec une hache, comme si l?assassin en voulait à la victime. L?inspecteur chargé de l?enquête est, lui-même, bouleversé par les circonstances du décès de la vieille dame. Un témoin ouvre une piste. Un témoin âgé à peine d?une dizaine d?années et doté d?une excellente mémoire. Nassim raconte que, quelques heures avant la découverte du corps de la victime, la défunte H. G., il jouait dans l?escalier et avait remarqué un jeune homme sorti de chez elle, l?air paniqué. L?enfant repère vite le coupable sur l?une des nombreuses photos qu?on lui met sous les yeux : «C?est lui, j?en suis sûr», dira-t-il à l?inspecteur en brandissant la photo de Belkacem L. Ce dernier est à Oran où il s?est rendu afin de brouiller les pistes. Il est cueilli à l?aéroport d?Alger par les policiers dès son retour. Au début, il nie tout, mais à force de ténacité, l?inspecteur découvre la vérité. Belkacem L., avoue son crime sans omettre le moindre détail. Alléché par les confidences de son ami Mourad, il établit un plan afin de mettre la main sur le trésor caché. Ainsi, préméditant le meurtre, il se rend chez la vieille dame armé d?une hache. A peine Houria s?était-elle dirigée vers la cuisine pour lui préparer un café qu?il tire prestement son arme et la plante dans le crâne de l?infortunée. Il se met alors à la recherche des bijoux qu?il ne trouvera d?ailleurs nulle part dans la maison. Paniqué, il quitte les lieux et prend un billet pour Oran. On le met sous les verrous à la prison d?El-Harrach. Au fond de sa cellule à la prison de Serkadji, Mourad apprend les circonstances de la perte de sa pauvre mère et la trahison d?un ami qu?il considérait comme son propre frère. Désespéré, Mourad crie à qui veut l?entendre qu?il se vengera un jour ou l?autre. En juin 2002, Mourad G. sort de prison. Quelque temps après, il est de nouveau arrêté pour vol. Il fait exprès de n?avoir aucun papier sur lui. En fait, ce n?était qu?un plan afin d?approcher son ancien ami, devenu, aujourd?hui, son ennemi juré, l?assassin de sa mère. Ce plan réussit puisqu?on le met sous les verrous à la prison d?El-Harrach. Ainsi, il pourra enfin venger sa mère. Belkacem L. l?aperçoit et le reconnaît. Effrayé, il écrit au directeur de la prison. On fait venir Mourad (qui avait donné une fausse identité), on relève ses empreintes et on le démasque. Le juge d?instruction le relâche en arguant le fait qu?il vient de perdre tragiquement sa mère et que, selon les psychiatres, son état dépressif peut le pousser à faire n?importe quoi. Belkacem L. passera bientôt en jugement. Il risque gros.