Evaluation «C'était la bataille de l'intellect contre l'instinct» entre John Kerry et George W. Bush, résume le professeur d'histoire à Stanford, David Kennedy, pour décrire un débat unanimement jugé très équilibré. Le président américain George W. Bush a corrigé, vendredi, les erreurs de son précédent débat contre son adversaire démocrate John Kerry, les deux hommes affichant avec détermination leurs différences de personnalité, relevaient les experts après leur deuxième affrontement télévisé. «Bush a fait considérablement mieux, et Kerry était aussi très bon. A mon avis de professionnel, ils sont à égalité», précise Larry Sabato, politologue à l'université de Virginie. Une égalité qui admet toutefois des nuances : «Ils ont tous les deux été exceptionnellement bons, mais le Président apparaît toujours sympathique, ça joue», estime Stephen Hess, ancienne plume républicaine. Pour le professeur de sciences politiques Eric Davis, en revanche, «Kerry a donné l'impression de mieux dominer les sujets». La contre-performance du président Bush lors de leur premier affrontement du 30 septembre, où il avait multiplié les mimiques d'agacement, avait permis à John Kerry de le rattraper dans les sondages, à moins d'un mois de la présidentielle du 2 novembre. La presse avait souligné qu'il était pour lui indispensable d'enrayer la remontée de John Kerry. «Ils ont tous deux renforcé, pour le pire ou pour le meilleur, leur image fondamentale», relève encore David Kennedy, l'un apparaissant comme «très réfléchi» et l'autre «très décidé, pas forcément très réfléchi». Rien d'étonnant à cette différence de style, relève Charles Jones, chercheur à la Brookings Institution, soulignant qu'elle illustre très fidèlement les différences de carrière entre les deux hommes : l'un est un «parlementaire de base classique» qui, toute sa vie, n'a fait que «proposer des idées», l'autre un dirigeant d'entreprise, insistant sur «les décisions qu'il a dû prendre». «Kerry s'est constamment présenté comme la personne la plus posée, avec des prises de position plus réfléchies», relève encore David Kennedy. Reste que le débat était d'une intensité rarement vue entre deux responsables politiques de si haut rang, en dépit de poignées de main prolongées en début et fin de débat. «Ils étaient à la limite de l'irrespect, c'était incroyable», souligne Charles Jones. «C'est une campagne méchante, comme je ne me souviens pas d'en avoir vu», ajoute-t-il. George W. Bush et John Kerry auront, mercredi, un troisième et dernier débat, portant uniquement sur les questions de politique intérieure.