Situation - Dimanche, plus de huit millions de Vénézuéliens, selon le gouvernement, ont voté pour élire une toute puissante Assemblée constituante, faisant craindre une hausse des violences. William Noguera balaie les restes des barricades qui barraient une avenue de Caracas. «D'ici peu, ce sera à nouveau bloqué», sourit ce balayeur dans ce quartier aisé de Caracas, où l'opposition oscille entre déception et impuissance. «Que dieu nous vienne en aide !», lance en traversant une habitante de Palos Grandes, un des hauts lieux de la contestation au président socialiste Nicolas Maduro. Dimanche, plus de huit millions de Vénézuéliens, selon le gouvernement, ont voté pour élire une toute puissante Assemblée constituante, faisant craindre une hausse des violences et une fuite en avant du pouvoir en place. Depuis quatre mois, les violences dans les affrontements entre manifestants et policiers ont déjà fait plus de 120 morts. Le résultat du scrutin, «personne n'y croit», assure Alfredo Quinones, un avocat de 57 ans qui devise avec ses amis au kiosque à journaux. «C'est sans doute la plus grande fraude de l'histoire», souligne Ivan Hidalgo, un médecin de 60 ans tenant dans ses mains le quotidien proche de l'opposition El Nacional. Sur huit colonnes, il titre «Echec de la fraude constituante». Les antichavistes, du nom de Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, refusent de reconnaître cette nouvelle institution chargée de réécrire la Constitution promulguée en 1999 par celui dont le président socialiste Nicolas Maduro se revendique l'héritier. Le chef de l'Etat assure au contraire que ce «super pouvoir» sera la solution à la crise politique et économique du pays, où règne la pénurie et une inflation galopante. «Ici, avant tout, on a faim !», lance Gladis Villarroel, 85 ans, en commentant les résultats dans une des files d'attente qui sont de rigueur au Venezuela pour qui veut acheter de la nourriture. «Tout ça, c'est des mensonges !». Antonio Soto, 67 ans, s'est réveillé «avec un mélange de frustration et de haine». «En tant que nation civilisée, on ne peut pas accepter qu'on nous impose une dictature des débuts du XXe siècle», dit-il, rongé par «l'incertitude» dans laquelle le pays était désormais plongé, «sans règles du jeu claires». Les jours précédant le vote de dimanche, des milliers de Vénézuéliens inquiets ont traversé la frontière pour se rendre en Colombie. Hier, le flot semblait s'être calmé et Barbara Gil, le disait haut et fort : «Je ne partirai pas.» «Je suis Vénézuélienne, j'aime mon pays, je veux que mon fils étudie ici», déclare cette femme qui porte des lunettes noires pour, explique-t-elle, ne pas laisser voir ses yeux rougis à force de pleurer. Un peu plus loin, une manifestante de la «résistance», faction la plus radicale des opposants, déterminée à se confronter aux militaires de la Garde nationale, admet avoir ressenti «un peu de tristesse et de déception». «Mais nous allons continuer à bloquer les rues aujourd'hui... les seules batailles que l'on perd sont celles que l'on ne mène pas». R. I./Agences Arrestation de deux des principaux opposants l Des agents des services de renseignements du Venezuela, le Sebin, ont arrêté tôt ce mardi deux des principaux opposants, Leopoldo Lopez et Antonio Ledezma, qui étaient tous deux assignés à domicile, ont annoncé leurs familles. «Ils viennent d'emmener Leopoldo de chez lui. Nous ne savons pas où il se trouve ni où on l'a emmené», a twitté l'épouse de M. Lopez, Lilian Tintori. Les enfants de M. Ledezma, Victor, Vanessa et Antonietta, ont également indiqué sur Twitter que le Sebin avait emmené leur père. Mme Tintori a diffusé une vidéo sur laquelle on peut voir des policiers du Sebin plaçant M. Lopez dans un véhicule et l'emmenant. Des responsables de l'opposition et des médias locaux ont publié des photos prises par des téléphones portables au moment où il est brutalement sorti de chez lui. Leopoldo Lopez, assigné à résidence à son domicile depuis sa sortie de prison le 8 juillet après trois ans et cinq mois derrière les barreaux, et Antonio Ledezma, en résidence surveillée depuis avril 2015, sont deux chefs emblématiques de l'opposition vénézuélienne.