Différends - L'Espagne a beau appeler à l'union sacrée face au terrorisme après les attentats qui ont ensanglanté la Catalogne, la tension reste palpable entre Madrid et les indépendantistes catalans, jusque dans l'enquête. Le gouvernement régional catalan reste déterminé à tenir un référendum sur la sécession le 1er octobre, Madrid à l'en empêcher. Un affrontement que les Espagnols ont baptisé «collision frontale». La mésentente est perceptible malgré l'élan de solidarité soulevé en Espagne par les attentats. Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy s'était précipité à Barcelone jeudi soir avec son numéro deux, Soraya Saenz de Santamaria. Mais les autorités catalanes tenaient de leur côté une réunion de crise. Ce n'est que le lendemain, qu'il rencontrait face à face le président catalan, l'indépendantiste Carles Puigdemont, avec lequel il avait eu une brève conversation téléphonique. M. Rajoy, accusé jusque dans son camp d'avoir alimenté la fièvre indépendantiste par son intransigeance envers les demandes d'autonomie accrue de la Catalogne, qualifie alors la rencontre de «très positive» et insiste plusieurs fois sur la nécessité de «travailler ensemble», appelant à «l'unité dans la lutte contre le terrorisme». Le roi Felipe VI lui aussi s'est rendu à Barcelone pour observer vendredi une minute de silence, avec Rajoy, Puigdemont et les dirigeants des partis politiques, sur une grande place proche des Ramblas où les victimes avaient été fauchées par une camionnette. Ce moment de recueillement a été suivi de longs applaudissements, aux cris répétés de «Je n'ai pas peur» en catalan, dans une ambiance de solidarité. Mais le lendemain, quand, après avoir rendu visite à des blessés dans les hôpitaux, le roi dépose une gerbe sur les Ramblas, les cris de «Vive la Catalogne» fusent, répétés. Felipe VI encaisse, le visage fermé, comme lorsqu'il se faisait siffler aux matchs du Camp Nou, le stade du FC Barcelone, fief du nationalisme catalan. Petit à petit, les vieilles querelles refont surface. Le ministre espagnol de l'Intérieur, Juan Ignacio Zoido, a réveillé les susceptibilités en annonçant samedi que la cellule à l'origine des attentats avait été «démantelée». Le responsable de l'Intérieur de Catalogne, Joaquim Forn, avait jugé l'annonce prématurée et rappelé que c'était la police catalane, les Mossos d'Esquadra, qui était aux commandes. Pourtant dimanche M. Forn annonçait que la cellule était «neutralisée». La Catalogne, comme le Pays Basque, possède sa propre police, hiérarchiquement soumise à l'Etat central mais jalouse de son autonomie.