Résumé de la 2e partie La première séance d?exorcisme a duré trois heures, sans résultat. Le lendemain, l?enfant est conduit auprès du prêtre. La lutte continuera ainsi pendant deux heures. Sommés de se nommer, les démons avouent être deux dans le corps de l'enfant ; ils donnent même leurs noms : Ypès et Oribas. Le prêtre exorciste use contre eux de tous les moyens : morceau de la «vraie croix», cierge pascal, saint sacrement, pour forcer les démons à partir. Mais rien n'y fait. L'exorciste multiplie les prières, invoque tous les saints, peine perdue. Et puis, au moment où le prêtre évoque la Vierge Marie, mère du Christ, une voix de basse sort de la bouche de l'enfant : «D'accord, d'accord, nous partons.» L'enfant s'est débattu encore une fois, puis ses membres sont redevenus souples et, brutalement, il s'est effondré sur le bras du fauteuil. Sa mère s'est précipitée pour constater que son fils dormait profondément. Une aspersion d'eau bénite n'a apporté aucune réaction, la bénédiction non plus. Les témoins sont alors tombés à genoux pour remercier le ciel. Franck Schmitt était délivré du démon. De retour chez lui, Franck paraissait avoir oublié tout ce qui s'était passé durant les quatre dernières années. Et il fut fort surpris des hurlements de son frère en lui offrant les quelques médailles pieuses qu'il avait rapportées. Paul, lui, était toujours possédé du démon, un démon qui déclarait que ses deux camarades Ypès et Oribas n'étaient que des froussards et qu'il comptait bien, lui, rester six ans dans la place! Le second exorcisme eut lieu dans une autre chapelle quelques jours plus tard et en grand secret, à six heures du matin. Cette fois, c'est le curé de la paroisse qui exorcisa en présence des parents de Paul, du maire, de l'instituteur et du chef de gare. Tous gens raisonnables et pondérés, qui purent en témoigner. Le même scénario se déroula avec hurlements et injures diverses. Comme son frère, Paul, qui n'avait pourtant que douze ans, se débattit et il fallut trois hommes pour le maintenir en place. Trois heures d'adjurations restèrent sans effet, puis le curé invoqua lui aussi le nom de la Vierge Marie, et, à ce nom, le démon de Paul déclara se voir dans l'obligation de partir, mais à une condition. «Rien du tout», répondit le curé. Le démon demandait la permission de se retirer dans un troupeau de porcs. «En enfer, dit le prêtre. ? Dans un troupeau de moutons, implora le diable. ? Rien à faire !» Le ton se fit suppliant : «Un troupeau d'oies ?» Comme l'exorciste restait inflexible, le démon se résigna alors à quitter le corps de l'enfant et le petit Paul, en un ultime soubresaut, retomba comme mort. La mère se précipita pour prendre son fils dans ses bras, mais l'enfant, épuisé, dormait, et comme pour son frère, l'eau bénite ne provoquait plus de réaction. Dans ce petit village d'Alsace, on peut voir à la sortie, entre deux fermes, une colonne semée d'étoiles et surmontée de la statue de la Vierge. Elle rappelle qu'il y a une centaine d'années, deux enfants du pays, possédés du diable, furent délivrés grâce à une intervention céleste. Mais le passant qui pose des questions aux habitants ne doit pas s'attendre à recevoir des détails supplémentaires. Car aujourd'hui encore, un siècle après, on est toujours très prudent, au village, sur ce sujet. Il ne faut pas tenter le diable !