Des esclaves chrétiens vivaient en Ifriqiyya, à Tunis surtout, que des religieux s'efforçaient de racheter ; d'autres tentèrent même d'évangéliser les musulmans. C'est à Tunis, en 1332, qu'est né le célèbre écrivain arabe, historien et sociologue, Ibn Khaldoun, qui enseigna à Tunis et dans les pays du Maghreb avant de s'exiler au Caire en raison de l'hostilité des milieux religieux malékites, très influents en Ifriqiyya, que choquaient ses idées nouvelles ; il y mourut en 1406. Deux souverains ont occupé à eux seuls la quasi-totalité du XVe siècle : Abou Faris (1394-1434) et Othman (1435-1488). Le premier a renforcé l'autorité du pouvoir central ; il pacifia le Sud, s'empara d'Alger et imposa sa suzeraineté au souverain de Tlemcen ; il repoussa une attaque du roi d'Aragon contre Djerba et maintint généralement de bonnes relations avec les Etats chrétiens. Il acquit un prestige considérable, accru par ses sentiments religieux, son sens de la justice, sa rectitude en matière fiscale et son activité de bâtisseur. Son petit-fils Othman poursuivit son ?uvre dans les mêmes domaines, bien qu'il ait dû, au début de son règne, lutter contre la rébellion d'un de ses oncles et, à la fin, contre celle des tribus du Sud. Il a fait construire des édifices religieux, entrepris des travaux hydrauliques pour le ravitaillement de Tunis ; il a protégé Sidi Ben Arous, marabout particulièrement vénéré des Tunisois. A la fin du XVe siècle et dans les premières années du XVIe, de nombreux Maures chassés d'Espagne vinrent s'établir en Ifriqiyya, notamment dans la vallée de la basse Medjerda ; des juifs vinrent aussi s'installer à Tunis. A la mort de Othman commença une décadence irrémédiable, marquée par des luttes pour le pouvoir et, surtout à partir de 1510, par les premiers débarquements des Espagnols qui enlevèrent Bougie et Tripoli durant le règne de Abou Abd Allah Mohamed (1494-1526). Son fils al-Hassan (1526-1543) fut vaincu et chassé de Tunis (1534) par le corsaire turc Kheireddine Barberousse, déjà maître d'Alger, tandis que d'autres Turcs occupaient Djerba. Réinstallé dans sa capitale en 1535 grâce aux Espagnols qui s'étaient emparés de La Goulette dont il accepta la suzeraineté, il dut ensuite lutter, sans succès, contre la tribu des Chabbiya, toute-puissante en Tunisie centrale et appuyée par la garnison turque de Kairouan (1535-1540). Il fut détrôné par son fils Ahmed (1543-1569) qui lutta aussi contre les Chabbiya qui, cette fois, étaient soutenus par les Espagnols et l'héritier légitime Mohamed ; Ahmed reçut le concours du corsaire turc Tourgout Reis (Dragut) et triompha des Chabbiya (1552). Les Espagnols évacuèrent Mahdiya (1554), mais de son côté Tourgout s'empara de Gafsa (1556) puis de Kairouan (1557). Les Espagnols revenus en force pour chasser les Turcs furent sévèrement défaits à Djerba (1560). En 1569, le pacha d'Alger, Ouloudj Ali, s'empara de Tunis tandis qu'Ahmed et son frère trouvaient refuge auprès des Espagnols à La Goulette. Momentanément reprise en 1573 par les Espagnols, Tunis fut définitivement reconquise par les Turcs en juillet 1574, ce qui mit fin d'une part à la rivalité hispano-turque au Maghreb et d'autre part à la dynastie hafside, la Tunisie devenant dès lors une province de l'empire ottoman. Bien que la dynastie hafside ait duré plus de trois siècles, elle n'a pas laissé en Tunisie de traces importantes ni dans le domaine culturel ni dans le domaine artistique. (à suivre...)