Le mot a?daysi a pris, dans les langues algériennes, le sens de «méchant, cruel, hypocrite, envieux» et bien d?autres épithètes peu charitables. Le mot désigne même, comme c'est le cas du kabyle ta?dast, une maladie parfois mortelle. Le mot provient en fait d'une tribu de nomades, considérée aujourd'hui comme disparue, et à laquelle on donnait le nom de Bni?Adas. A la fin du XIXe siècle encore, on en rencontrait dans toute l'Algérie : les hommes étaient maquignons et tatoueurs, ils circoncisaient aussi les enfants. Les femmes, elles, disaient la bonne aventure, en tirant les cartes, en lisant dans le marc de café ou dans les lignes de la main. Elles étaient appelées à Alger guezanate, mot encore en cours, aujourd'hui, pour désigner les voyantes. Ces femmes, en haillons, mendiaient aussi en allant d'une région à une autre, traînant de jeunes enfants qui demandaient l?aumône. Les hommes, eux, également, pratiquaient la mendicité et quand on leur demandait de travailler la terre, ils répondaient : «Sidi Ahmed Benyoucef ? le saint patron de Miliana ? nous l?a interdit !» Et de citer un adage attribué à ce saint : «Ula t'labtu, t'sibu, ula tfelah?tu, tkhibu» (si vous pratiquez l'agriculture, vous échouerez, mais si vous pratiquez la mendicité vous réussirez !). Cet adage pourrait faire croire à une malédiction du grand saint, il n'en est rien puisque les Bni 'Adas étaient des serviteurs du saint. Les auteurs européens de la période coloniale considéraient ces populations comme des Tsiganes venus de l'Inde, mais cette affirmation n'a jamais été prouvée.