Traditionnellement, le cafard, c'est-à-dire la blatte, le parasite, est appelé khunfes. Ce mot est toujours employé, mais on lui préfère, notamment en ville, le français «cafard». Zadmu 'âlina l?kafar (les cafards nous envahissent), qtelna l?kafar (le cafard ne nous laisse pas de répit)? Et les camions qui, en été, arrosent les espaces verts d'insecticide, sont appelés kwamen l?kafarat, les camions à cafards ou les camions-cafards ! II faut dire que ces dernières années, les blattes ont envahi les maisons et que la lutte contre ce «fléau» a pris l?allure d'une véritable guerre, notamment en été, où ce parasite, à cause de la chaleur, prolifère. Le mot est donc français, mais son origine est... arabe ! Il provient, en effet, de kâfir (infidèle, mécréant), auquel on a ajouté le suffixe péjoratif «-ard». Du mot arabe provient aussi le mot Cafre, qui désigne une ethnie noire d?Afrique du Sud, d'où l'ancien nom de cette région, appelée Cafrerie. On sait qu'en français, le mot cafard a le sens second de rapporteur, hypocrite. Ce sens n'a pas été emprunté dans les langues algériennes. En revanche, celles-ci lui ont donné un autre sens : laid, maigrichon, repoussant? L'expression «yakhi kafar yakhi», qui signifie à peu près espèce de cafard, est employée non pour dénoncer l'hypocrite, mais pour stigmatiser une personne que l'on juge laide. A Alger, le cafard est encore appelé grellu, terme énigmatique qui ne semble avoir ni une origine arabe ni une origine berbère. Comme khunfes et kafar, grellu est employé dans un sens péjoratif ; comme eux, il désigne la personne laide. On a même forgé, dans ce sens, le mot bugerlelu (homme cafard) pour se moquer de ceux que la nature n'a pas gâtés. Le mot a également le sens de «bougre», «mauvais garçon», «effronté», etc.