Pour des lendemains moins pénibles, il est utile de préserver intact son porte-monnaie. C?est ce que la Fédération des retraités (Fntr) souhaite voir en appelant à ramener le minimum de la pension à hauteur de 100% du Smig et à revoir à la baisse un IRG fort contraignant. Lorsqu?un employé en activité veut afficher son courroux, il fait grève, mais lorsqu?un retraité crie son désarroi, il sait bien que l?écho n?ira pas au-delà de ses cordes vocales. Abderahmane Azzi, secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs retraités (Fntr) sait bien résumer la situation des retraités. Il a admis, dans ce sens depuis quelques jours à un confrère, qu?il est impensable de faire du «porte-à porte pour faire sortir deux millions de retraités dans la rue». La «démonstration de force» n?étant donc pas la solution idoine, il ne reste pour le monde, en ébullition, des retraités qu?à rappeler à tout le monde qu?«après 25 ans de cotisation, les deux millions de retraités sont entre le marteau et l?enclume». Hier lors d?une réunion des cadres de la Fntr à l?hôtel El-Kettani (Alger), M. Azzi a eu deux exigences : ramener le minimum de la pension de 75 à 100% du Smig, ce qui donnerait la bagatelle de 10 000 DA, et faire éviter aux retraités les «affres» d?un IRG fort contraignant. «Il est inconcevable qu?après plus de 25 ans de cotisation, les retraités paient le même pourcentage que les travailleurs en activité», a-t-il martelé avant d?imputer les raisons de la situation très difficile des retraités à trois hommes et pas des moindres. Le premier est le Chef du gouvernement, coupable à ses yeux de s?être opposé à la revalorisation à hauteur de 8 et 5% des pensions proposée en début de l?année 2004 par la Fntr. M Ouyahia, qui a reconduit les mêmes taux que ceux de l?année dernière soit 6 et 4%, est incriminé, en outre, de vouloir transférer les fonds de la caisse, quelque 30 milliards de dinars, vers le Trésor public. Une décision qui «n?a pas lieu d?être», selon l?orateur. Le deuxième à être cloué au pilori est le ministre du Travail. Pour le SG de la Fntr, «Tayeb Louh n?a fait que violer la loi en ne procédant pas, comme cela devrait être effectué, à la revalorisation annuelle de la retraite.» «C?est la première fois qu?un ministre n?a pas suivi les recommandations», s?est-il insurgé. Selon lui, l?argument du «danger de mort» de la CNR n?a pas lieu d?être, car la caisse dispose d?un bon pactole : un excédent de 15 milliards de dinars ! «Avec ce chiffre, la CNR ne peut jamais être déficitaire», a renchéri Azzi qui réfute au passage les accusations du FMI et de la Banque mondiale selon lesquelles «le système de retraite algérien est obsolète». Abdelatif Benachenhou, ministre des Finances, a eu, lui aussi, son lot de critiques : celui-ci a été en effet accusé par Azzi de vouloir asphyxier la CNR et de faire main basse sur elle, «alors qu?il n?en a pas versé un sou !» En épilogue, Azzi a proposé l?organisation du 4e congrès du Fntr, en principe pas avant juin 2005, sans prendre le moindre dinar de l?Etat. «Nous le ferons par nos propres moyens», a-t-il conclu. Histoire peut-être de signifier que la caisse n?a pas de trou comme on ne cesse de le dire et qu?elle se porte fort bien.