Avant d'être un signe d'appartenance sociale, le vêtement est, avant tout, un objet qui sert à se protéger de la chaleur et du froid et, ajoute-t-on, un élément qui cache les parties sexuelles qu'on appelle l'awra. En arabe, son nom est libâs, du verbe labassa, en dialectaI lbes (s?habiller»), en berbère, timelsiwt, du verbe els, de même sens. Mais les deux langues emploient également des mots communs : qech, au propre, «les choses» et lh'wayedj, au propre «les choses dont on a besoin». Ainsi on dit : «Nruh' nechri h'wayedj l'aïd» (je vais acheter des vêtements pour l?aïd) ; «ma 'anduch h?wayedj» (il n?a pas de vêtements), «qechu mget'in» (ses vêtements sont déchirés), etc. Quant à l?expression «igueta? h'waydju» (en kabyle yet'cherig lqech-is), au propre «il déchire ses vêtements», elle signifie «il est enragé», voire «il est fou». Les vêtements sales ou déchirés sont le fait des vagabonds, mais aussi des aliénés. Ne pas porter de vêtements est un signe d'indécence extrême, à moins que la personne ne soit folle auquel cas, il faut la couvrir aussitôt qu?elle se produit en public et la reconduire chez elle. Mais le dénuement, la'ra, est, au plan symbolique, un signe d'innocence. Dans les rêves, par exemple, se voir nu, ?aryan, signifie qu?on est pur et sans reproche, puisque le dénuement est l'état initial d'Adam, le premier homme, à sa création, et de l'enfant qui naît. Un proverbe, employant l'image du dénuement, dit : «Ruh ?and Rebbi 'aryan yeksik» (va vers Dieu dénudé, il te vêtira), c'est-à-dire va vers Dieu, innocent et plein de foi, il te comblera. Mais le dénuement, dans la langue moderne, a aussi un sens négatif : l'aryan, c'est l?avare, le misérable, celui qui manque de générosité...