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Le hidjab entre ombre et lumière
PHENOMÈNE DE SOCIETE
Publié dans L'Expression le 07 - 06 - 2007

La pratique socio-religieuse n'est, malheureusement, que peu connue. Le pire est à craindre.
Axiome. Le sombre hidjab noir ou marron a nettement perdu la cote auprès des jeunes filles qui lui préfèrent un voile aux couleurs vives et chamarrées. La définition du terme hidjab a connu des controverses. «Dérober au regard, cacher» ou encore «tout voile placé devant un être ou un objet pour le soustraire à la vue ou l'isoler.»
Il prend, également, le sens de «rideau» et «écran» Pour ses premiers débuts, il a concerné les femmes du prophète (Qsssl) pour s'élargir à toutes les femmes.
Actuellement, la plupart des auteurs veulent en faire l'équivalent du «vêtement islamique». Cependant, le vêtement qui suscite des interrogations est celui «inventé» par les filles d'aujourd'hui. Il est devenu, par excellence, un phénomène de société.
Un alibi pour avoir la paix dans la rue ou au travail, porté par conviction religieuse, pour cacher sa misère ou par acceptation de la pression familiale et sociale. «Par mimétisme, en quête d'un parti avantageux. Par pure coquetterie, pour ne pas dire coquinerie», comme l'écrit Emna Atallah Soula dans les colonnes du journal tunisien La presse, le nombre des jeunes filles portant ce hijab modernisé -notamment au niveau des établissements scolaires- monte crescendo. Les retombées ne se feront sentir qu'une fois qu'il est trop tard. Influence des médias?
Attirées (usagères) par certains marchés arabes - koweïtien, syrien, libanais et à un degré moindre saoudien, récemment installées en Algérie?
Feignent-elles d'ignorer que cette abondance de couleurs ne sied aucunement avec les recommandations de l'Islam; strictes et bien définies dans leur contenu?
La psychosociologie et le port du hidjab
Le vêtement a, d'abord, une couleur psychosociologique par phénomène d'interaction dans la relation à l'autre. Le port du hidjab ne sort pas, lui aussi, de cette règle. Il a, dans son premier qualificatif, une connotation religieuse, secrétant une signification spécifique. La lecture du Coran nous ouvre la voie à comprendre l'importance du port du hidjab. Les principaux versets sont souscrits dans les sourates «d'El Ahzab et «Meriem». Toutefois depuis son institution à ce jour, le port de cet habit a connu des bouleversements et des arrangements qui, parfois, sortent de l'ordinaire. Dans cette optique, plusieurs questions se posent d'elles-mêmes. Elles relèvent de l'ordre de la sociologie, de la psychologie et de la psychologie sociale. «Je porte le voile, car j'ai lu un jour que les femmes qui ne le portaient pas n'iraient pas au paradis» nous a déclaré Amina, 18 ans, quittant le lycée Okba d'Alger, pour rejoindre son domicile sis à deux pas de l'établissement. Ce souci de couleurs est partagé par tant de filles et de femmes interrogées dans différents quartiers de la capitale. Sa copine Ahlem n'a pas cherché ses mots ailleurs pour nous dire: «Je le porte parce que j'ai des chutes abondantes de cheveux.» Ironie. Aucune conviction religieuse. Une pure imitation aveugle. Le Dr M'hamed Benradouane, ex ministre des Affaires religieuses du gouvernement Ghozali, 1991-1992, actuellement chef de service dermatologie au CHU Mustapha-Bacha nous invite à son bureau. Au coeur de la discussion, il indique que «le port de cet habit pudique, n'est pas spécifique à l'Islam.» Au contraire, il existe dans toutes les civilisations. Dans les premières années qui ont suivi l'avènement de l'Islam, les musulmanes ne portaient pas un habit particulier, à quelque titre que ce soit. «C'est ainsi que certaines musulmanes ont été importunées lors de leur déplacement.» a enchaîné notre interlocuteur. Aujourd'hui, en Algérie, la donne a changé.
Preuves à l'appui, M.Benradouane (écoeuré) revient sur les instructions religieuses. Cette tenue vestimentaire que portent les filles algériennes sert à duper la dignité individuelle et familiale, a-t-il ironisé. La sociologie admet, par la dynamique organisationnelle des sociétés, par leurs principes idéologiques que le port du hidjab a une coloration spécifique à chaque groupe social. Dans cet ordre d'idées, nous distinguons le hidjab nord-africain de celui des pays du Golfe et des pays occidentaux.
La psychologie, précise M.Larinouna, éminent psychologue, nous révèle que le port du hidjab est plus qu'une simple couverture du corps par principe religieux. Il s'agit surtout d'un acte d'identification à une image de l'autre qui nous attire, que nous admirons et qui nous remplit. Le hidjab donne pour celle qui le porte une immunité dans sa relation à l'autre, une force d'attraction spécifique et une forme de pudeur qui désigne la personne pieuse. Mais celui porté aujourd'hui par une grande partie des Algériennes n'est qu'une «défiguration» de cet habit correct, enchaîne le professeur.
La psychosociologie, quant à elle, nous montre à l'évidence que les sociétés peuvent s'influencer mutuellement. L'habit étant l'un des importants éléments source d'influence. Les médias sont considérés comme les principaux vecteurs de cette influence. Le contact entre sociétés se fait généralement, mais surtout et sûrement, par le biais des films documentaires sur les habitudes des sociétés.
«High-tech»
La mode et l'originalité sont une deuxième source d'influence. Ce phénomène psychosociologique va se retrouver chez les jeunes filles, qui, malgré une mention de religiosité apparente chez elles, ne se soucient point, sinon peu, des principes de «yajouz ou la yajouz» de la manière de porter le hidjab. L'essentiel pour elles, c'est qu'elles sont «couvertes». Il importe de mentionner aussi que l'Internet, l'ouverture au grand village universel, est aussi une source d'influence non négligeable. Le tchating, les rencontres en direct et en virtuel, ouvrent directement la voie de la communication, et de l'influence. D'autre part, l'ouverture du marché aux produits des exportateurs et importateurs du vêtement a fait introduire des hidjabs attrayants donnant une connotation spécifique. Moins onéreux, ils mettent à l'écart l'habit culturel propre à la société arabo-musulmane. En d'autres termes, le hidjab a complètement changé de signification.
Cela est dû au fait de l'influence extra musulmane des sens que l'on donne à cet habit. Aussi de l'influence des interactions qui, par feed-back, font que toute chose originale trouve place dans une société avide de contact, facilement «influençable», jeune et peu assouvie de connotation religieuse dans le sens le plus «rigoureux» du terme. Le choix du hidjab sous forme d'ensemble en deux pièces (pantalon /jupe et un manteau) ne cesse de faire couler beaucoup d'encre. Un constat. La gent féminine nous donne l'impression que le souci est de couvrir uniquement la tête. Parfaite illustration de cet usage insensé d'une tenue qui ne devrait en aucun cas être modifiée.
A ce stade, le voile «high-tech» ne sert pas à grand-chose. Il risque même d'être -comble du paradoxe- un objet d'attraction sexuelle. D'ailleurs, le nombre des agressions sexuelles est en permanente évolution. Ces jeunes agresseurs ne sont pas assez mûrs pour en mesurer les conséquences.
Les lieux de loisir et de distraction sont devenus infréquentables. Des filles trahissent, tous les jours que Dieu fait, la dignité que leurs aïeules ont réclamé haut et fort. Un passage au parc d'attractions à Ben Aknoun nous a permis d'effectuer une lecture appropriée. «Le ciel nous tombe sur la tête.» On ne veut pas en croire nos yeux.
Le hidjab alibi?
Les différentes scènes constatées ont été édifiantes. Les filles voilées- des lycéennes et étudiantes pour la plupart - s'adonnent à des ébats pour le moins répréhensibles car réprouvés par la morale de la religion initiatrice du hidjab - à ciel ouvert pour se revêtir du hijab une fois leurs ébats accomplis. Surprise avec un homme qui la dépasse d'une dizaine d'années, dans un coin qui nous paraissait infréquentable, Linda, fin de cycle en littérature anglaise à Bouzaréah, a accepté de dévoiler ses secrets, les plus intimes, après qu'elle se soit retrouvée seule.
Abandonnée par son «amant», la belle Linda nous a déclaré que «mon port du hidjab est un alibi pour rassurer mes parents.» «Une fois dans ma chambre individuelle, je me branche entièrement sur différentes chaînes satellitaires pour voir des films...» reconnaît une Linda époustouflante, ne méritant guère un sort pareil. La sécurité dans ce parc fait toujours défaut. L'apparition des agents ne se fait que rarement. Ils procèdent à des inspections éphémères pour créer des problèmes à tous les couples venant au parc. «Ils sont agressifs» clame une Manel, originaire de Sétif, âgée de 33 ans. «Si je suis ici, c'est pour subvenir aux besoins de mes 3 enfants abandonnés par leur père», se désole une Manel, les larmes aux yeux.
Le port du voile a pris une tournure qui mène à tout. Même au relâchement des moeurs. N'est-il pas très urgent de lancer un appel aux différentes institutions pour une intervention ferme et efficace?


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