Bab El-Oued Sales, mal vêtus, dégageant des odeurs nauséabondes, les malades mentaux, qui circulent dans la rue en toute liberté, ont fini par devenir les maîtres des lieux. Un phénomène qui a pris de l?ampleur, ces dernières années, et qui crée une atmosphère d?insécurité pas seulement à Bab El-Oued, mais aussi dans les autres quartiers populaires de la capitale. «Je vis dans une peur quotidienne, dit Asma, une jeune étudiante de 23 ans habitant Bab El-Oued. Il y a trop de malades mentaux dans la rue et ils sont très dangereux, surtout vis-à-vis des femmes.» Radia, pour sa part, n?arrive pas à oublier ce qui s?est passé un certain jeudi du mois d?août dernier où elle a été attaquée par un malade mental. «Je me dirigeais vers la maison de ma grand-mère qui habite aux Trois-Horloges à Bab El-Oued. Je marchais tranquillement lorsque soudain j?ai reçu une gifle qui m?a fait tomber à la renverse. Heureusement que le quartier n?était pas vide.» Face à de telles situations, les habitants des quartiers touchés comme Bab El-Oued, Belcourt, la place des Martyrs et bien d?autres, se demandent à quoi servent les hôpitaux psychiatriques et les centres destinés à accueillir ces personnes. Ammi Saïd, vendeur d?articles vestimentaires à la place des Martyrs, déclare sur un ton ferme : «Ces malades ne sont pas conscients de leurs actes, ils peuvent commettre des crimes sans s?en rendre compte. Tenez, la semaine dernière, une jeune fille a été agressée par arme blanche par un fou. Heureusement qu?elle s?en est sortie saine et sauve.» Ce qui rend les choses plus compliquées, comme dit Reda, architecte : «Non seulement on les rencontre sur notre chemin, mais ils sont aussi dans les bus et les transports privés. Dans la rue au moins la personne peut fuir, mais coincée dans un bus avec un malade mental, ce n?est pas évident. En fait, le plus drôle dans la situation, c?est qu?il y a des malades qui ne le paraissent pas et ont l?air normal au début. Sans aucune raison, ils deviennent brusques et dangereux.»