Film Ce reportage, réalisé par la Gendarmerie nationale et la fondation des droits de l?enfant et de l?adolescent, a été diffusé lors de la rencontre de samedi. Des témoignages poignants. Des images de jeunes, autrefois délinquants, d?anciens détenus qui se sont vautrés dans la fange, se succèdent. Le dos tourné, les frimousses masquées, ces inconnus témoignent. Peu importent leurs noms ou leurs origines, lorsque la douleur et la blessure qu?ils ressassent sont les mêmes. Ils ânonnent leur mal de vivre, le vide qui les dévore, la pauvreté et la privation dans laquelle ils naissent et vivent sans pouvoir s?en sortir. «Certains volent pour se faire de l?argent de poche. Que peuvent-ils faire !? De nos jours, si un gosse demande de l?argent à son père, ce dernier lui rétorque : ?Débrouille-toi?, un bien grand mot pour un enfant qui n?en comprend pas la teneur. Voler devient alors un réflexe, un geste machinal.» Des scènes filmant la capitale grouillant de passants vaquant à leurs occupations et des milliers de jeunes, debout, à ne rien faire, ne sachant où aller, se succèdent. D?autres confidences aussi. «Mais regardez autour de vous, il n?y a rien ! Rien ! La délinquance est une pègre. Je sais ce que c?est, je suis passé par là et je n?ai jamais aimé ce milieu», raconte un autre. Sa voix est triste, la cigarette qu?il tient entre ses doigts semble trembler. C?est un ancien prisonnier qui a beaucoup de mal à reprendre une vie normale, le regard inquisiteur des autres est insupportable, bloquant tout espoir qui commence à sourdre. «Les gens nous méprisent, ils nous jugent sans nous donner une deuxième chance. Ce sont eux qui font naître en nous cette haine, ils regardent toujours ce passé qu?on traîne dernière nous. Mais ne peuvent-ils pas penser un instant que ce jeune prisonnier en a marre, qu?il veut reprendre une vie normale ?» D?autres scènes de vente de drogue dans un véhicule en plein centre ville défilent. De nouveaux délinquants passent aux aveux. C?est le même problème, les mêmes préoccupations : chômage, promiscuité, dégoût, vide, solitude, ? Ecouter ces enfants qui ont grandi trop vite, marqués par la vie est émouvant. La rue les a vus grandir, elle a même souvent été leur seule famille et refuge. Entendre ânonner de telles réalités fait d?eux de véritables sociologues, de grands politologues, des poètes errants et blasés. La réalité, ils l?ont vue, regardée, touchée et vomie. Ce sont des universitaires de la rue pour qui l?école de la vie n?a plus aucun secret.