Initiative La Bibliothèque nationale s?engage à recueillir toutes les archives traitant de la culture et de l?histoire amazighes. La Bibliothèque nationale et le Haut-Commissariat à l?amazighité ont conjointement organisé, mardi, un colloque international autour du «Patrimoine archivistique amazigh : de l?inventaire à l?exploitation», auquel de nombreux chercheurs et universitaires ont pris part. Dans son intervention, Amine Zaoui, directeur de la Bibliothèque nationale, a tenu à préciser l?engagement de la bibliothèque à s?associer à la réflexion s?organisant autour de la mémoire amazighe, ouvrant la voie aux recherches en vue de réhabiliter le patrimoine culturel, historique et linguistique amazigh. «La bibliothèque encourage la recherche dans ce domaine pour que l?Algérie puisse recouvrer son identité plusieurs fois millénaire, longtemps ignorée et ayant, au fil des âges, subi des altérations et des déperditions», dit-il, ajoutant également que «la bibliothèque s?inscrit dans cette réflexion d??uvrer à conserver ce patrimoine et à le fructifier.» Car, il est temps de connaître, à travers les archives, toutes spécialités confondues, notre histoire, sachant que l?Algérien, souffrant de vertiges identitaires, s?évertue, tant bien que mal, à se reconstituer, et donc reconstituer sa mémoire à partir de lambeaux et de bribes de son histoire. La Bibliothèque nationale ?uvre, de ce fait, à collecter toute production en langue amazighe, et à conserver ce «bien patrimonial» afin de le transmettre aux générations futures. «Conserver pour mieux communiquer», explique Amine Zaoui, précisant que la bibliothèque compte ouvrir un espace consacré seulement à la culture amazighe. «En fait, l?espace existe, mais reste symbolique», déclare-t-il. Et de reprendre : «La bibliothèque comprend un fonds réparti approximativement comme suit : 50% en langue arabe, 47% en français, et 5% en d?autres langues, y compris en amazigh.» «Cela est fort déplorable, d?où la création d?un espace amazigh pour répondre à une urgence culturelle.» Cet espace sera (officiellement) ouvert en 2007, année où Alger sera la capitale culturelle du monde arabe. Et pour finir, Amine Zaoui met l?accent sur le rôle de la bibliothèque, celui de recueillir tout document consacré au patrimoine amazigh, et de s?ouvrir à d?autres archives (manuscrits) de toutes les régions ayant l?amazighité en partage, à savoir le Niger, le Mali? Quant à Malha Benbrahim, dont l?intervention s?est articulée autour du thème «La question de l?éparpillement des archives amazighes : une difficulté pour les historiens», elle a évoqué «les difficultés auxquelles chercheurs et historiens sont confrontés, à savoir se livrer à un travail d?ordre interdisciplinaire, où leurs efforts sont orientés vers plusieurs domaines ; cette interdisciplinarité leur est imposée par la diversité des sources et les difficultés à les localiser et à établir un inventaire précis, suivant une méthodologie scientifique.» Et d?ajouter que les chercheurs, en constituant leurs propres archives, sont d?emblée confrontés à deux interprétations, à deux représentations de l?histoire et de la culture amazighes. «La première est locale (endogène), la seconde est étrangère (exogène), cela donne deux versions des faits, fournissant ainsi une quantité importante d?informations, subjectives, passionnelles pour ne pas dire passionnées», explique-t-elle. Ces interprétations reposent beaucoup plus sur des impressions, des «oppositions» et des «contradictions» que sur des «certitudes». Se pose alors la question même de la nature des archives (parfois de leur authenticité.) Il est à souligner que cette conférence sur les archives amazighes qui se poursuit aujourd?hui, est organisée à la mémoire de Mohamed-Idir Aït Amrane, l?une des références du nationalisme et une source incontestable de l?identité amazighe. Par ailleurs, cette conférence a pour objectif d?ouvrir la réflexion sur la question des archives, tous supports confondus, en tirer des conclusions, afin de définir les mécanismes archivistiques avec une rigueur scientifique.