Aux grands maux, les grands remèdes. Hier, à l?APN, un arsenal de lutte tous azimuts a été préconisé pour atténuer les affres de la corruption, à défaut de l?éradiquer. Parmi les principales recommandations, des peines d?emprisonnement pouvant aller jusqu?à dix ans. Détournement de biens, trafic d'influence, abus de pouvoir, recel et blanchiment d?argent? l?Algérien nage, au mépris de la loi, depuis des années, dans un océan profond nommé corruption. Chipa par-ci, chipa par-là, chipa partout. En Algérie, en l?absence de statistiques fiables, la corruption est devenue bien plus qu?un phénomène touchant uniquement les sphères économiques comme les transactions douteuses au niveau des banques par exemple. Elle est devenue un mal de société, allant d?un insignifiant pot-de-vin jusqu?aux grosses commissions en passant par les juteux passe-droits. Chipa, ce mot honni, est tellement galvaudée que l?on a l?impression que le «néologisme» existe depuis des années chez nous. Les dégâts étant énormes, seule une guerre tous azimuts atténuera le phénomène à défaut d?une totale éradication. Des peines pouvant aller jusqu?à dix ans d?emprisonnement par exemple, comme cela a été préconisé, hier, à l?APN, par le groupe de travail chargé d?établir un rapport pour l?élaboration du projet de loi relatif à la prévention et à la lutte contre la corruption. Dans l?hémicycle de Zighoud-Youcef, il était question de la création d'un office central de prévention et de lutte contre ce fléau tentaculaire. Dans le rapport final, il est préconisé davantage de transparence dans la gestion des finances publiques, la passation des marchés publics, la récolte des données relatives à la corruption, des peines d?emprisonnement pouvant aller jusqu?à dix ans, ainsi que l'évaluation et la mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre la corruption. L'office devra se charger également de l'évaluation des programmes de lutte contre la corruption, la relance des programmes éducatifs et de sensibilisation en plus de la criminalisation des actes illicites tels que le transfert de fonds, l'abus de pouvoir, le recel et le blanchiment des fonds. Le rapport définit, en outre, les voies et moyens de lutte contre la corruption et arrête des peines variant entre deux et dix ans de prison contre les auteurs de ces délits. Le groupe de travail a souligné surtout l'importance de mettre en place des mécanismes juridiques clairs, en vue de récupérer les fonds détournés. Le document met l'accent, en outre, sur la nécessité de renforcer la coopération internationale dans la lutte contre le crime et la corruption qui menacent, aujourd'hui, tous les pays du monde. Installé le 14 octobre dernier par M. Belaïz, ministre de la Justice, ce groupe de travail est, faut-il le rappeler, composé de magistrats de la Cour suprême, du Conseil d'Etat, de présidents de cour et de procureurs généraux ainsi que des représentants de secteurs ministériels et d'institutions publiques concernés par la lutte contre la corruption.