Les pays arabes payent chaque année 300 milliards de dollars en raison de la corruption. L'Algérie risque d'avoir une mauvaise note cette année en matière de corruption. C'est ce qu'a déclaré hier, lors d'une conférence de presse, le président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption (Aacc), section algérienne de Transparency International, M.Djillali Hadjadj. L'indice 2005 de perception de la corruption (IPC), établi chaque année par Transparency International, a accordé à l'Algérie, faut-il le rappeler, 2,8 sur 10. En 2003 et 2004, l'Algérie avait obtenu 2,6 et 2,7. Le niveau de la corruption demeure donc élevé. Sur 159 pays, l'Algérie est classée à la 97e place. M.Hadjadj considère qu'une note inférieure à 3 signifie l'existence d'un haut niveau de corruption. «La situation sociopolitique et économique qui prévaut en Algérie depuis plusieurs années déjà, n'a cessé de favoriser les conditions de l'explosion de la corruption - petite et grande - à tous les niveaux et tout est fait par le pouvoir en place pour que la généralisation de ce fléau se poursuive à grande échelle», accuse M.Hadjadj. Il a critiqué, entre autres, le contenu du projet de loi anticorruption adopté récemment par les deux chambres parlementaires. «C'est une coquille vide», estime l'ONG internationale. Pour celle-ci, une loi contre la corruption sans déclaration de patrimoine n'a pas sa raison d'être. L'article 7 de cette loi qui prévoyait la déchéance de la fonction ou du mandat de toute personne concernée par la déclaration de patrimoine qui ne se soumet pas à cette obligation dans les délais requis, ne devait pas être supprimé, selon l'organisation. La corruption demeure, faut-il le souligner, un obstacle de taille qui entrave le développement de l'économie nationale. D'ailleurs, le chef du gouvernement, lui-même, avait déclaré, dans un entretien accordé au journal français Le Point, que la fuite des capitaux est estimée annuellement à 500 millions de dollars. Malgré l'engagement officiel des autorités algériennes à éradiquer ce phénomène, plusieurs spécialistes du domaine estiment que les choses évoluent à un rythme très lent. Il est essentiellement reproché aux autorités algériennes le manque de transparence dans la gestion de la sphère économique, mais aussi la rétention de l'information qui rend les investigations de la presse nationale quasi impossibles. Ce phénomène a atteint de telles proportions que la Banque mondiale, dans son évaluation annuelle du climat des affaires, en 2005, a soulevé des cas de commission et de corruption, en Algérie, dont la moyenne est de 6% des charges supplémentaires et du chiffre d'affaires des entreprises investissant en Algérie. Outre l'Algérie, le phénomène de la corruption touche plusieurs pays arabes. Selon l'organisation internationale pour la transparence et la lutte contre la corruption, les pays arabes payent chaque année, la bagatelle de 300 milliards de dollars en raison de la corruption. Un chiffre qui représente pas moins de 20 millions de postes d'emplois annuellement. C'est tout simplement effarant quand on voit le taux de chômage dans ces pays. Les passe-droits, les abus de pouvoir, les trafics, les détournements, les escroqueries constituent les différentes formes de corruption. Le fléau sévit dans plusieurs de ces pays. Le Soudan, la Libye, la Palestine, l'Irak, sont les pays qui se placent en tête de liste des pays dans le monde où la corruption est presque érigée en règle dans les institutions et est devenue une seconde nature chez les populations. Parmi les pays où le phénomène s'est dangereusement aggravé comparativement à l'année 2004, on retrouve en première position le Bahreïn, suivi de nos voisins marocains, de la Palestine, du Soudan, du Koweït, de la Libye et de l'Irak. Ainsi, des experts de la Banque mondiale et des parlementaires arabes veulent trouver la manière la plus appropriée pour appliquer au niveau de tous les pays arabes les recommandations de la Banque mondiale sur la lutte contre la corruption. Il a été prévu de faire participer les organisations civiles, les associations et les moyens de communication dans toute leur diversité. Les parlementaires arabes ont constitué une organisation qui englobe pas plus de 11 pays. Mais le mal arabe est d'abord dans ses gouvernants, affirment de nombreux observateurs.