Sciences occultes Qui de nous, homme ou femme, n?a jamais éprouvé dans sa vie, ne serait-ce qu?une fois, l?envie de percer le mystère de son avenir et de déchirer le voile du présent pour regarder au-delà ? Il faut avouer que quelle que soit la condition sociale ou le niveau intellectuel, rares sont celles ? car ce sont surtout les femmes qui sont intéressées ? qui n?ont jamais consulté une chouafa pour lire ce que leur réserve l?avenir dans les cartes, le plomb, le marc de café, le jaune d??uf ou les grains de blé. Tous les prétextes sont bons : mariage, fortune, travail, chance? Ce sont surtout les jeunes filles et les jeunes femmes qui sont les clientes les plus assidues de ces diseuses de bonne aventure. Parmi elles, les plus nombreuses sont celles ayant trouvé celui qui, à leurs yeux, serait le mari idéal. Elles courent d?une chouafa à l?autre, insatisfaites, dépensant des sommes énormes, parfois sans s?en rendre compte. Les voyantes, ravies de l?aubaine, font marcher ces dames le plus longtemps possible, multipliant les rendez-vous et leur assurant que grâce à leurs pratiques, il ne reste plus qu?un pas pour que l?élu de leur c?ur tombe à leurs pieds, foudroyé par la passion. Certaines jeunes filles, aveuglées par leurs sentiments, suivent à la lettre d?étranges conseils, comme s?asperger d?un parfum particulier, répandre devant la porte de «l?élu» une poignée de grains de blé, réciter des litanies apprises par c?ur le soir, le visage levé vers la pleine lune, vêtues d?une gandoura blanche, ou encore jeter quelques brins d?encens, propager la fumée dans toute la maison, invoquant dans un murmure le nom du bien-aimé ? et celui de sa mère ? en demandant aux forces occultes d?enflammer son c?ur d?un amour aussi fort que les braises du kanoun. Si de ces pratiques, somme toute innocentes, certaines aboutissent au résultat escompté, c?est tant mieux. Mais il y a des femmes, pour la plupart mariées, qui, sentant à tort ou à raison que leur homme leur échappe, franchissent un pas dangereux, sans le savoir, en faisant avaler à ce dernier des philtres qui sont parfois de véritables poisons. Ces femmes, sentant qu?elles sont dans le bon droit «esslah» pour garder leur famille unie, sont prêtes à tout pour arriver à leurs fins. D?autres ont un autre but : elles veulent avoir à la maison un mari soumis, obéissant, n?osant jamais élever la voix. Comme dit la chanson : «Sahratou, ma bkachi irfed baâouinetou.» Certains hommes en sont morts, d?autres ont plongé dans la folie. Que d?hommes, jeunes et beaux, sont enfermés dans des asiles ou errent dans les rues, victimes des philtres d?amour ? Leur nombre est bien plus élevé qu?on ne le pense. Celles qui en sont la cause ont voulu rendre ces hommes fous d?elles. Et ils sont devenus? fous tout simplement.