Scène Le jeune homme regarde son père dans l'espoir qu'il dise quelque chose, mais celui-ci fait un geste d'impuissance : on ne discute pas avec sa mère. Zoubida entre dans la cuisine, mais elle fait aussitôt marche arrière. Il y a une autre femme, occupée à faire bouillir du lait. Elle retourne dans la pièce d'où elle est sortie. ? Elle n?a pas encore quitté la cuisine ! dit-elle à Ali, son mari, étendu sur le lit. ? Elle prépare le petit-déjeuner de sa famille. ? Et moi, quand vais-je le faire pour la mienne ? ? Un peu de patience, voyons, il n'y a pas le feu ! ? Les enfants vont aller à l'école, Nadir a un examen à la faculté ! A ce moment-là, un jeune homme entre dans la pièce. ? Maman, mon examen est à 10 heures, je peux attendre ! ? Tes frères et ta s?ur ont cours à 8 heures ! Zoubida pointe vers lui un index chargé de menaces : ? Toi tu défends toujours cette idiote de Saliha? Je me demande parfois si c'est moi ta mère ou cette étrangère ! ? Cette étrangère est ta belle-s?ur, maman ! Elle se retourne vers Ali : ? Tu vois comme il défend la femme de son oncle ! Une fillette entre à son tour dans la pièce. ? Maman, tata Saliha te dit qu'elle a fini et que tu peux aller dans la cuisine. ? Je t'ai déjà dit de ne plus appeler cette femme tata ! Et puis, je n'ai pas besoin qu'elle me dise d'aller dans la cuisine ! J'ai autant de droits qu'elle dans cette maison ! Elle pousse sa fille dehors. ? Va dire à tes frères de venir dans la cuisine, c'est votre tour, aujourd'hui, d'y prendre votre petit-déjeuner ! ? Les autres aussi peuvent venir, dit timidement Nadir, il y a assez de place ! ? Non, je ne veux pas que vous soyez ensemble ! ? Mais? ? Pas de mais ! J'ai dit que vous prendrez votre petit-déjeuner seuls, aujourd?hui vous le prendrez seuls ! Demain, la table sera pour les autres ! Nadir regarde son père, dans l'espoir qu'il dise quelque chose, mais Ali fait un geste d'impuissance : on ne discute pas avec Zoubida quand il s?agit de sa belle-s?ur, avec laquelle elle est forcée de cohabiter. Et il faut dire que la belle-s?ur le lui rend bien. Les deux femmes, qui ne se parlent plus depuis longtemps, se haïssent. Nadir sort donc de la chambre et suit docilement sa mère. Ils croisent dans le couloir l'oncle Brahim et sa femme. ? Bonjour mon oncle, bonjour ma tante, dit Nadir à voix basse. L'oncle et sa femme répondent à son salut. Dans la cuisine, Zoubida est hors d'elle. ? Quoi ! Tu as dit bonjour à cette vaurienne? Tu sais bien que je te l'ai interdit ! ? Mais maman, je ne pouvais pas dire bonjour à mon oncle et pas à sa femme ! ? Il ne fallait pas le lui dire ! Mais ne t'en fais pas, je vais refaire ton éducation même si tu te rases la barbe et la moustache ! (à suivre...)