Dégâts L?exiguïté d?un appartement peut avoir des conséquences graves sur l?éducation et la relation familiale devant régner dans un foyer. Rabah est un retraité de 74 ans. Père de 11 enfants ? 7 filles et 4 garçons? il habite la tour du 7e Groupe depuis 1974. Il vit dans un F2. «Mes trois enfants cadets ? qui ont, respectivement, 33, 35 et 27 ans ? dorment souvent chez leur tante. L?aîné, qui a 45 ans, marié et père d?une enfant de 4 ans, partage une chambre avec ses s?urs. La chambre, 4 x 5 m, est divisée en deux depuis 1999 : dans une partie dorment les 7 filles qui sont toujours célibataires, l?aînée a 36 ans et la cadette 24. Elles dorment sur des lits superposés. Mon fils et sa femme dorment dans l?autre partie de la chambre. Ma femme et moi dormons dans la deuxième chambre. J?ai, maintes fois, essayé de convaincre mon fils de la prendre, mais il a refusé parce qu?il nous respecte beaucoup», déclare Rabah. Son fils cadet confie, quant à lui, qu?il veut se sentir toujours responsable. «Je voudrais sentir toujours cette misère, je pense toujours à mes frères qui dorment dehors, mais aussi à mes s?urs qui sont gênées par le fait qu?elles partagent la même pièce avec moi. En plus, si je prends la chambre de mes parents, je ne serai plus motivé, comme aujourd?hui, pour avoir mon propre appartement», dit Abdelkader, enseignant dans un CEM à El-Harrach. Et justement pour avoir son propre domicile, Abdelkader a fait plusieurs demandes au niveau de la commune de Sidi M?hamed, en vain. «Ce qui me donne le courage de continuer à vivre chez moi, c?est le fait que beaucoup de jeunes sont dans mon cas. Je connais des personnes qui ont plus de 40 ans et qui sont toujours célibataires à cause de la crise du logement», ajoute-t-il. La cuisine de Rabah sert à préparer les repas et au déjeuner, mais à cause de l?exiguïté des lieux, elle est également transformée en placard pour déposer les valises et les appareils électroménagers. On y trouve la télévision, le frigo, la machine à laver, des matelas et des? chaises. Les trois autres fils de Rabah viennent rarement chez leurs parents : «Cela fait plus d?une semaine que je ne les ai pas vus. Ils sont toujours dehors, ils mangent chez leur tante, mais ils téléphonent de temps en temps...»