Le chômage des pères de famille, l?émancipation et le travail des femmes, la délégation de l?éducation aux professionnels, la forte mobilisation depuis une dizaine d?années en faveur des droits de l?enfant, l?extraordinaire explosion des médias et des nouvelles technologies ont eu des conséquences directes sur les relations familiales. Ni les parents ni les enseignants ne sont les seules références. «Il fut un temps où le simple fait de prononcer un mot vulgaire même d?usage populaire à la maison était une ligne rouge à ne pas franchir, aujourd?hui on voit des enfants qui appellent leur père chriki ! Le mot baba (mon père) était sacré, ce n?est plus le cas aujourd?hui !», nous dit un père de famille de 70 ans qui a 5 filles et 4 garçons et avec lesquels il vit. «Chaque jour que Dieu fait, éclatent des conflits pour des questions de principes», reconnaît Ahmed. Ses deux fils, qui ont respectivement 32 et 27 ans, ne travaillent que rarement. «Ils ont une drôle de conception du travail et de la manière de gagner leur vie. Ils ne cessent de me dire que beaucoup de jeunes ont énormément d?argent sans gagner leur pain à la sueur de leur front, et d?après eux avoir des idées peut ramener, sans la moindre peine, des sommes d?argent colossales. Mais ça fait plus de 15 ans que j?attends que ces (génies) passent à l?acte et mettent en pratique les idées ingénieuses dont ils se vantent, en vain. Ils continuent de vivre chez moi, de manger chez moi et ils me demandent même de l?argent de poche. A notre époque, le travail (manuel ou autre) était un honneur on ne vivait pas d?illusions comme eux», explique Ahmed qui, instinct paternel oblige, ne veut pas abandonner ses enfants ni les mettre dehors même s?il n?écarte pas cette option. «Ils ne veulent ni se marier, ni travailler, ni comprendre c?est une drôle de génération», regrette-t-il.