Vision Des rêves, annonciateurs de faits qui se traduisent sur le terrain, se réalisent? Parmi les rêves messagers, il y a aussi les rêves prémonitoires qui annoncent des événements futurs. On en trouve un grand nombre dans la tradition musulmane. Deux grandes batailles que les musulmans ont eu à livrer aux païens, celle de Badr et celle de Uuhud, ont été annoncées par des rêves. La bataille de Badr, qui a eu lieu en l'an 2 de l'hégire, a été la première grande bataille de l'islam ; elle a été aussi sa première grande victoire sur les Mecquois idolâtres. Voici les faits qui ont déclenché la confrontation : le Prophète, ayant appris qu'une caravane, revenant de Syrie, passait non loin de Médine, a décidé de l'intercepter. Or, elle était conduite par Abû Sofiane, l'un des Arabes païens les plus en vue de la ville. Abû Sofiane, à son tour, alerté par ses espions, apprend les intentions du Prophète et demande des renforts à La Mecque. L'armée que le Prophète a levée est sur le point de le rejoindre quand il découvre une route peu connue. Il parvient donc à se mettre à l'abri et ainsi attendre que le Prophète, ne le trouvant pas, rentre à Médine. Entre-temps, Abû Djahl, commandant les renforts païens, arrive. La caravane est sauve et lui aussi peut retourner chez lui, mais, voulant en finir avec le Prophète, il décide de lui livrer bataille. La confrontation a eu lieu à Badr, à une trentaine de kilomètres de La Mecque. Les païens étaient plus nombreux que les musulmans, mais cela n?a pas empêché ces derniers de remporter la victoire. D'après la tradition, cette victoire a été annoncée à quelques personnes, dont des païens. Un certain Djuhaym Ibn Salt a rêvé qu'un homme arrivait à La Mecque : il était sur un cheval et tenait en laisse un chameau. Il s'est arrêté et s'est mis à crier : «Untel est mort, untel a été tué...», citant les plus grands hommes des Qoreïchites. L'homme s'est ensuite approché du camp où se tenait l'armée mecquoise, a saisi un couteau, a égorgé le chameau avant de le jeter sur les tentes : pas une tente ?c'est-à-dire pas une famille ? n'a échappé aux éclaboussures de sang. Impressionné par son rêve, Djuhaym est allé voir Abû Djahl, le chef de l'armée, et le lui a raconté. L'homme s'est moqué de lui : «Encore un prophète des Banu Abd al-Muttalib !» Djuhaym était, en effet, apparenté au Prophète. Tous les hommes dont le rêve annonçait la mort ont été tués au cours de la bataille.