Parfum Une bonne odeur d?épices chatouille les narines. Khalti Zohra a déjà préparé la soupe. Il est 17h 45. Des bénévoles apportent le pain et le distribuent aux SDF. 18h 10 . «Mazal ?» Une voix de femme fuse demandant si le restaurant ouvre ou pas encore. 18h 30. Après avoir grimpé près de 70 marches dans une ruelle de deux mètres de large, rappelant celles étroites de La Casbah, venant de loin ou de quartiers limitrophes, les sans-abri sont là comme chaque soir. Une quarantaine environ attend devant une bâtisse coloniale qui conserve toujours ses vieilles belles grandes portes en bois aussi bien à l?intérieur qu?à l?extérieur. Elle est occupée par le comité de wilaya d'Alger du Croissant-Rouge algérien où se trouve «La Meïda El-Hillal», le restaurant des repas du ramadan et de la soupe d'hiver. 18h 35. Le ciel est couvert de nuages gris. Il devrait pleuvoir d'un moment à l'autre. Les SDF attendent l'heure de manger. 18h 47. Il commence à pleuvoir à torrents, il fait froid, on fait entrer rapidement les «hôtes». Trempés, ils se bousculent. 18h 49. Quatre femmes et deux enfants sont déjà à table avant les hommes mangeant en silence sauf khalti Fadila qui réclame une couverture et veut qu'on l'aide à refaire sa carte d'identité nationale et sa carte de vote. Un morceau de pain à la main, le premier groupe commence à entrer un à un, se dirigeant directement vers la table sur laquelle sont déposés des bols de soupe. Ils se servent eux-mêmes et s'installent, mangent rapidement le contenu du bol et en reprennent. Ils ont très faim surtout avec ce froid. Un homme, la quarantaine, fort, propre, bien habillé, un sac en plastique à la main s?adresse à Aziz, un coordinateur du comité, juste pour le remercier parce qu'il lui avait demandé s'il allait bien. Da Idir, Nabil, Elhadj, Kheïro et une dizaine d'autres volontaires assurent l'organisation et restent là dans l'attente d'autres «invités». Un jeune est déjà en train de faire la vaisselle dans la cuisine.