Chaque année, le nombre de familles dans le besoin ne cesse d'augmenter, et de longues files se forment devant les restaurants de la rahma. Des bienfaiteurs, notamment des propriétaires de restaurant, ont tenu à ouvrir leurs établissements aux démunis. Cette année, ils sont sept restaurants, au niveau de la ville des Ponts, à servir des repas. Boulevard Belouizdad. Il est 14 heures quand nous arrivons sur les lieux ; el-hadj Djamel-Eddine nous a conduits dans la cuisine où des femmes préparent le f'tour. “Le menu d'aujourd'hui est composé de chorba frik, mahchi, limonade, zlabia ou qualbellouz, yaourt ou crème dessert”, précise le propriétaire du restaurant. Les bénévoles épluchent les pommes de terre. “Elles seront farcies de viande et plongées dans la sauce”, nous précise une bénévole. Dans ce restaurant, la mise en place de la salle est déjà terminée. Les tables et les chaises sont alignées, les assiettes, les cuillères, la limonade et les corbeilles de pain sont déjà rangées sur les tables. Dans une salle près de la cuisine, des aliments sont stockés. “Nous ne manquons de rien ; mieux encore, nous disposons de stocks alimentaires qui nous permettront de couvrir tout le mois de Ramadhan, incha' Allah”, nous dit el-hadj Djamel-Eddine. “Avant le mois de Ramadhan, des donateurs nous remettent de l'argent pour le restaurant. Des donateurs fidèles sont toujours présents à l'appel depuis des années”, continue d'expliquer notre interlocuteur. “C'est vrai que le stock alimentaire est suffisant, mais on a constaté aussi que le nombre de nécessiteux et de repas servis augmente chaque année”, rajoute hadj, tout en annonçant que son restaurant a servi, le premier jour de ce mois sacré, 350 repas à prendre sur place ou à emporter, alors que l'année dernière, il n'a servi que 280 repas. Il est 18h ; d'autres bénévoles se joignent à el-hadj Djamel-Eddine. Ils s'occupent du service dans le resto. Ils jettent un coup d'œil sur le menu. Tout sera servi à l'heure de la rupture du jeûne. “Les repas sont composés d'une soupe, d'une entrée, d'un plat de résistance et d'un dessert. C'est un repas riche et équilibré, un peu comme ceux que l'on retrouve sur notre meïda à la maison”, dira un bénévole affecté au service de la salle. Pour aâmi Mohamed, un retraité qui, depuis des années, vient chaque soir servir dans ce restaurant, les gens qui viennent rompre le jeûnee ici ne sont pas forcément des personnes nécessiteuses. “Nous accueillons, également, des passagers, des SDF et des mendiants”, nous a-t-il expliqué encore. Les premiers arrivés dans ce resto se sont déjà attablés et font connaissance. Les discussions tournent autour de la chaleur enregistrée ces derniers jours. “C'est le troisième Ramadhan que je passe ici, les gens sont sympas, la bouffe est bonne”, nous précise un homme en baissant la tête. On y retrouve de tout dans ce restaurant situé en plein centre-ville. Des jeunes et des vieux. Il est 19h14, l'appel à la prière a mis fin à toute discussion. Plus besoin de s'attarder, chacun des jeûneurs a déjà entamé la chorba dont l'odeur si chaleureuse enbaume la salle, la même que celle qui se dégage des habitations limitrophes. Les bénévoles s'activent à ce qu'aucune table ne reste vide. Les paniers de pain sont remplis au fur et à mesure qu'ils se vident. Dans cette ambiance, el-hadj Djamel-Eddine prend place entre ces personnes qu'il appelle ses invités. Le service terminé, seuls quelques bénévoles, chargés du nettoyage, restent avec el-hadj. Les autres bénévoles rentrent chez eux pour manger en famille.