Avertissement Condoleezza Rice a exhorté Dacca à enquêter sur tous les actes de terrorisme politique. Une série d'attentats inexpliqués et des informations de presse sur un mystérieux groupe qui serait prêt à «talibaniser» le Bangladesh font craindre l'imminence d'une révolution islamiste dans le pays, une perspective vivement écartée par le gouvernement. Le 27 janvier, un attentat à la grenade dans le nord-est du pays a fait cinq morts parmi des membres de l'opposition, dont un ancien ministre des Finances. Samedi, une bombe a explosé dans un club de presse dans une ville du Sud, arrachant la main d'un journaliste. En août 2004, 20 personnes étaient mortes dans un attentat à la grenade contre un rassemblement de la Ligue Awami, principal parti d'opposition qui a été également visé dans l'attaque du 27 janvier. En mai, un élu de ce même parti avait été abattu lors d'un meeting près de la capitale. Cette inquiétante série d'attentats a poussé la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice à téléphoner au Premier ministre bangladais, Khaleda Zia, dont la formation, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), dirige une coalition comprenant des islamistes. Rice a fait part de ses vives inquiétudes et exhorté Dacca à enquêter sur «tous les actes de terrorisme politique», selon l'ambassade américaine. La même semaine, New Delhi, évoquant une «sécurité détériorée», annulait sa venue à un sommet de l'Association d'Asie du Sud pour la coopération régionale (Saarc), prévu les 6 et 7 février au Bangladesh, entraînant son report sine die. Autant de signes que le Bangladesh pourrait être le prochain pays à subir «une révolution islamiste», conclut le magazine New York Times dans un article stigmatisé comme sans fondement par le gouvernement à Dacca. La revue en veut pour preuve l'existence d'un groupe récemment formé dans le Nord-Ouest qui a promis de «talibaniser» cette région. Son leader, connu sous le nom de Bangla Bhai («frère bangladais»), avait fait parler de lui l'an dernier quand des villageois avaient déclaré à la presse que son organisation, le Jagrata («inspiré») Muslim Janata Bangladesh, avait fait pression sur les femmes pour qu'elles portent la burqa et sur les hommes pour qu'ils se laissent pousser la barbe. La plupart des observateurs bangladais excluent tout de go la possibilité d'une révolution islamiste. Certains pensent que «c'est aller trop vite en besogne que de dire que le Bangladesh pourrait avoir une révolution du style des talibans», du nom des étudiants islamistes qui avaient dirigé l'Afghanistan avant d'être renversés par une coalition alliée en 2001.