Certaines personnes sont si distraites qu?elles ne savent pas où se trouve leur tête. Les Algériens disent même que ces gens-là n?ont plus de tête : ma?ând-humch rras et, au singulier, ma?ânduchu rras (il n?a pas de tête). Perdre sa tête, c?est ce qui peut arriver de pire : la tête comporte les yeux avec lesquels on voit, les oreilles avec lesquelles on entend, la bouche avec laquelle on parle et, par-dessus tout, elle comporte la cerveau ? lmokh ! ? qui régente le corps et l?esprit? Perdre la tête, c?est donc perdre tout ! Il n?y a pas meilleure image pour décrire la distraction ! Mais le distrait ? el-ghafel ? ne perd pas que sa tête. «Wlidu f lqelmuna u huwa y h?ewes ?âlih» (son fils est dans son capuchon et lui le cherche ailleurs), dit le proverbe ! Le capuchon, ici celui du burnous, servait, autrefois, à transporter toutes sortes de choses, jusqu?aux jeunes enfants qui s?y blottissaient : y oublier son fils, c?est comme perdre la tête ! A côté de la vraie distraction, lot des personnes instables, il y a la simulée, ainsi on feint d?oublier certaines choses, de ne pas voir certains faits pour prendre position ou, en cas de litige, témoigner : «Ma nchuf ma nesma?â» (je ne vois rien, je n?entends rien), disent alors ces gens. La distraction frôle parfois la bêtise quand on oublie l?essentiel pour se concentrer sur le superflu. A propos de l?âne du proverbe kabyle : «Aghyul bbint waman yeqqar : a lâadari» (l?âne est emporté par l?eau et lui de crier : mes bottes de foin) ! Il oublie le danger qui le menace pour penser à manger !