Similitude Mettre les pieds à Diar El-Kaf, c'est voyager vers les favelas d'Argentine où celles de Sao Paulo au Brésil. C'est un enfant naturel de la ville d'Alger que les autorités publiques ne reconnaissent pas. Près de 600 familles vivent ici. D'autres disent qu'il y en a plus. Perché sur la colline de la Carrière Jobert, le ghetto semble s'accrocher à un destin qui le rejette. Enclavé sur une superficie de 5 000 m2, il est essentiellement constitué de baraques de fortune. Des constructions en parpaing avec du zinc, en guise de toit. La plupart des baraques sont d'une superficie de cinq sur cinq et abritent au moins une famille de plusieurs membres. «Comment voulez-vous éduquer les enfants dans un endroit pareil ?» s?exclame Nouria dont l?intérieur de la maison est obscur et nauséabond. «C'est dû aux égouts qui se trouvent à proximité», précise la jeune femme. Ses voisins sont encore plus à l?étroit. La famille Negazi souffre le martyre. La vie de ses membres dépend de la solidité du mur porteur qui empêche la boue de déferler sur la baraque. Ils sont plusieurs à vivre dans cette cage de quatre fois quatre. La famille El-Hachemi est plus nombreuse. «Ce sont les enfants qui sont les plus vulnérables, dit Houria, ils sont tout le temps malades», précise-t-elle. Elle montre son enfant de quatre ans à moitié nu, les pieds enfoncés dans la boue. «Dois-je m'occuper de lui où du reste du foyer ?» se demande Houria. Un peu plus loin, c'est la placette d'El-Houma. Les vieux, formant des petits groupes, discutent. L?objet de leurs débats animés : la tragédie qu'a connue leur quartier. Ils n'arrivent pas à comprendre l'attitude des autorités qui continuent de les ignorer malgré leurs maintes sollicitations. «Nous les avions averties, avant même que la catastrophe ne survienne», affirme l?un d?eux. «Il y a quelques jours, un rocher est tombé sur une baraque, heureusement, sans faire de victimes, c'est à ce moment-là que nous avons décidé d?alerter les autorités», ajoute le sexagénaire. Le wali délégué de Bab El-Oued a effectué une visite de travail mais «pour nous couper l'eau», précise un autre habitant. Juridiquement, le ghetto est à cheval sur deux communes voisines : Bab El-Oued pour le flanc droit et Oued Koreiche pour le flanc gauche. Ce qui complique davantage le statut de ce quartier.