Particularité Au contraire des autres communautés étrangères établies chez nous, la présence chinoise n?a pas fait de «vagues». Les «Chnawa», pas la mouvance du MCA qui, elle, a pour vocation de ne pas se faire discrète, mais les vrais, ceux du Levant, passeraient totalement inaperçus n?était la singularité du physique trahissant leur origine aux quatre coins du monde. Le secteur de la construction, en panne apparemment de main-d??uvre, a commencé à les faire venir chez nous depuis? 1982 ! Mais qui les aura vraiment remarqués, avant ce tragique 21 mai 2003 ? Car c?est cette catastrophe qui les a fait connaître au grand public. Parmi les 2 300 morts du séisme, il a été recensé 9 ouvriers chinois. C?est de cette triste façon que la communauté chinoise a été mise réellement sur le devant de la scène. Puis, générée par les retombées de la calamité du 21 mai, l?intense et violente polémique sur la question du bâti, en Algérie, a soulevé leur cas, peut-être à leur corps défendant. Les «Stakhanov» de la construction, les champions des «3x8» (H24), du travail non-stop, ce sont eux. Mais c?est au début des années 1980 que cette communauté asiatique a commencé à s?établir, chez nous, dans le cadre du partenariat algéro-chinois, notamment portant construction du fameux projet de l?hôtel cinq étoiles Sheraton. Cet important contrat qu?ils parvinrent à décrocher a tôt fait de renseigner sur la réalité de la qualité du travail et de la compétitivité des prix qui, désormais, caractérisent et expliquent la réussite du géant, l?empire du Milieu. Mais en marge de ce créneau officiel de la construction de bâtiments, les ressortissants chinois, constitués en familles et/ou en couples, s?affairaient à tisser savamment un véritable réseau de commerce du textile, le dada économique par excellence de l?empire chinois. Pour l?heure, avec tout autant d?aisance sinon bien plus que nos compatriotes, ils font dans l?informel, exposent leurs marchandises à même le sol, dans les principaux marchés populaires de la capitale, mais aussi en des lieux non aménagés pour ce type d?activités, si tant est que le commerce illégal puisse être autorisé ailleurs. Qu?à cela ne tienne. En parfaite cohabitation, les étals «algériens» à Belcourt, Meissonnier ou aux alentours de la place du 1er-Mai côtoient ceux des hôtes chinois tentant d?écouler, parfois, le même type de marchandises : des articles vestimentaires «made in», bien entendu, mais le «made in China» parvient, de loin, à séduire une clientèle apparemment de plus en plus fidèle. Vous convoitez de belles chaussures de sport à un prix intéressant ? Allez du côté de Meissonnier et adressez-vous à ce couple pékinois à l?allure joviale qui, baragouinant quelques mots d?arabe, n?arrive pas moins à vous transmettre l?essentiel du message : le prix de l'article demandé. Et c?est souvent le bonheur du client qui, pour 1 300 DA, s?offre une paire de training qu?il ne décrocherait pas, quelques mètres plus loin, à moins de 2 500 DA ! Vous rêvez d?une magnifique couette coquettement décorée à la chinoise ? Il vous la cède à 3 000 DA tout au plus, soit 50% plus bas que le prix moyen du «marché». Le secret d?une pareille compétitivité des prix ? Tout simplement, ce vieux «système de la valise», confie un responsable du ministère du Commerce. Mais à croire certains des jeunes Algérois durement concurrencés par ces Chinois commerçants en herbe, ceux-ci ne tiennent pas à s?éterniser dans ce type de commerce, incertain et périlleux par définition. Une partie d?entre eux n?en use que comme moyen d?accumulation du capital nécessaire à l?ouverture, en bonne et due forme, d?ateliers de confection. L?un de ces projets serait même en chantier du côté du boulevard Mohamed V, à en croire ce jeune trabendiste envieux, mais visiblement admiratif.