Désillusion A quelques mois seulement des élections présidentielles de la FAF, la situation du football algérien est des plus inquiétantes. Une discipline qui ne cesse de régresser malgré les discours et les milliards de dinars engloutis. Jusqu?à quand la descente aux enfers ? Dans quelques jours, l?équipe nationale, appelée à jouer un match capital à Luanda contre l?Angola pour le compte des éliminatoires de la CAN-2006 (étant donné que le Mondial de la même année est un objectif impossible), risque de dire adieu à cette compétition à laquelle elle participe ? et c?est un minimum ? depuis 1980 sans interruption, hormis 1994 à cause de l?affaire Karouf. Si cela arrive, le football algérien aura atteint le fond au moment où ces clubs, y compris les meilleurs d?entre eux, se font ramasser dès les premiers tours des coupes intercontinentales et régionales par des équipes de seconde zone. La dernière élimination de l?USM Alger, futur vainqueur d?un championnat qui ne vaut finalement que par son nom, devant le cinquième au classement du championnat de Tunisie n?est que la parfaite illustration d?un football très faible pris en otage par ceux-là mêmes qui font et refont son destin à longueur de saison. Un conseil interministériel a été consacré, en novembre 2002, au football carrément, mais qu?en est-il de la vingtaine de décisions prises pour sa relance, sa refondation et son développement ? Pas grand-chose vraiment. Invité il y a quelques jours au forum de l?Entv, le premier responsable de la discipline, Mohamed Raouraoua, a rappelé encore une fois, lors d?un discours connu et archiconnu maintenant, que le football algérien accuse des déficits à tous les niveaux. A commencer par l?encadrement où l?on dénombre un manque de 4 000 techniciens et cadres, ce qui est important, puis par tout le reste : l?infrastructure de base pour travailler, la mauvaise gestion des clubs loin de tout professionnalisme et de toutes normes de performances, la formation, la programmation et toutes les tares qui font du jeu de football un jeu moribond. Ajouter à cela l?instabilité à tous les niveaux, y compris à la tête des sélections nationales toutes catégories confondues. Les derniers exemples en date sont là pour nous rappeler la triste réalité : presque une quarantaine de techniciens se sont succédé au banc de treize clubs de l?élite, où seuls l?ASO Chlef, le MC Oran et le NA Hussein Dey ont sauvé la mise en préservant leur staff. Nous ne revenons pas sur les péripéties de l?équipe nationale «A» qui, en l?espace du mandat de Raouraoua, a connu six staffs différents ! Idem pour les autres sélections : un Benchikha qui signe un contrat qui prend fin la veille d?une échéance comme les Jeux méditerranéens car, nous dit-on, le président n?est pas certain de se présenter pour un second mandat. C?est à croire qu?un sélectionneur signe plus avec un homme qu?avec une institution. Ce qui confirme, encore une fois, que le football, chez nous, demeure dépendant de la seule volonté des hommes qui le gèrent et non pas d?une politique et d?une stratégie mises en place par l'Etat comme cela se fait dans d?autres pays. Quand on voit que nos voisins marocains ou tunisiens sont sur le chemin de leur cinquième Coupe du monde ou que les Saoudiens qui, il y a vingt ans seulement, ne signifiaient rien du tout sur la carte de la balle ronde, vont, peut-être, enclencher un troisième Mondial, on se rend compte que l?Algérie fait fausse route.