Destin Vingt ans après le drame du Heysel, les Reds, emmenés par Steven Gérard, retrouvent le toit de l?Europe à Istanbul au terme d?une incroyable finale face au Milan AC gagnée aux tirs au but après un 3-3 époustouflant ! Ce fut un signe du ciel ce double arrêt du gardien de Liverpool Dudek à la 117? sur une double tentative du ballon d?or européen, le Milanais Shevtchenko. Quelques instants plus tard, lors de la fatidique séance des tirs au but, le même Dudek, après avoir arrêté l?essai de Pirlo, s?interpose de nouveau devant «Cheva» pour offrir le cinquième trophée à un club qui renaît. Et comme un symbole ne vient jamais seul, Dudek avait imité la danse de Grobelaar l?ancien gardien des Reds qui avait contribué à la dernière victoire du club en Ligue des champions. Pourtant, ils l?avaient entre les mains cette coupe aux grandes oreilles, les Milanais, au terme d?une première période qui fut tout simplement une démonstration de force et de talent des Italiens. Ils ont tout fait pour l?avoir, avec trois buts de toute beauté : le premier à la 52e seconde de jeu sur une volée du capitaine emblématique Paolo Maldini qui jouait là son 498e match. Monstrueux ! Le deuxième but est l??uvre de l?Argentin Crespo sur un service de Shevtchenko, à la suite d?une attaque orchestrée par le Brésilien Kaka (38?). Du grand art. La troisième réalisation est un caviar en profondeur de Kaka pour un doublé de Crespo (43?) qui pique le ballon dans les filets de Dudek. Ecrasant ! Les joueurs de Liverpool, dominés dans les duels, mis tout le temps en difficulté et pris à défaut techniquement, n?en croient pas ce qui leur arrive. Heureusement pour eux que la mi-temps est sifflée à temps par l?arbitre espagnol M. Gonzales, d?autant qu?ils avaient perdu leur milieu de terrain, l?Australien Kewell, remplacé par le Tchèque Smicer manquant de compétition. Mais où est passé Liverpool ? se demandaient alors les nostalgiques du club insulaire par excellence, s?interrogeaient également ceux qui ont suivi le parcours des Reds cette saison, notamment lorsqu?ils ont éliminé les deux futurs champions d?Italie et d?Angleterre (Juventus et Chelsea). Finalement, il fallait juste patienter le temps d?une pause citron assaisonnée d?un discours et d?un recadrage de l?entraîneur Benitez pour retrouver cette équipe fantastique, ce géant du Mersey trempé dans la passion des combats d?Anfield Road et longtemps bercé par le fameux hymne You?ll never walk alone, mais surtout marqué par les tragédies de Hillsborough et du Heysel. En cinq minutes, les Anglais vont passer du doute au rêve, grâce à leur capitaine Steven Gérard qui expédie une tête purement british à la 53? qui réveilla ses coéquipiers et le kop. Il sera suivi d?un tir tendu de Smicer (55?) pour le 2-3, avant que Xabi Alonso ne rétablisse l?équilibre à la 58? en se reprenant à deux reprises sur un penalty pour une faute de Gattuso sur Baros. Le stade olympique Atatürk d?Istanbul chavire de bonheur côté anglais. C?était tout simplement incroyable comme retournement de situation. Plus audacieux, les Milanais vont réagir à deux reprises par l?intermédiaire de Shevtchenko qui verra deux de ses tirs (69? et 78?), sauvés sur la ligne par Traoré et Carragher. Au coup de sifflet final, Benitez et ses hommes préfèrent rester sur le terrain pour se ressourcer sous les poussées de leurs supporters. Quant à Ancelotti, il s?entoura sur le banc de ses joueurs, histoire de maintenir leur concentration. Le jeu reprend et les Reds, qui alignaient leur 60e match de la saison, n?avaient plus de jus pour se hasarder en attaque laissant l?initiative aux Milanais qui ratèrent deux balles de match : par Tomasson (100?), sur un service de Serginho, et cette incroyable double tentative de «Sheva» dans les dernières minutes des prolongations. Les Italiens, pourtant favoris au départ, n?en reviennent pas : comment perdre une finale alors qu?on mène par trois buts à zéro ? Il n?y a que la magie du football qui peut le faire. Le gardien Dudek se transforme en héros dans ses duels face à Pirlo et Shevtchenko, au moment où Hamann, Cisé et Smicer ne tremblent pas face à Dida, le gardien brésilien des Rossoneri. Ironie du sort, Liverpool s?adjuge son cinquième trophée européen en Ligue des champions, mais il ne pourra pas défendre sa couronne la saison prochaine puisque l?UEFA en avait décidé autrement en offrant quatre places aux Anglais, alors que les Reds pointent à la cinquième place en championnat. A moins d?un rebondissement, comme l?aurait souhaité le président Lennart Johansson, à l?image de cette finale extra-or-dinaire qui restera longtemps gravée dans les annales du foot européen.