Idées Une rencontre-débat entre Mohamed El-Mili, chercheur, et monseigneur Tessier, archevêque d?Alger, a eu lieu, hier, au centre de presse d'El Moudjahid. L?heure est grave, beaucoup d?incompréhensions viennent torpiller la moindre initiative heureuse. L?air du temps est à l?affrontement. Celui-là prend plusieurs formes. Des écarts, des fractures entre communautés sont enregistrés un peu partout dans le monde. L?intolérance se spiritualise, la vision unique répond à l?unilatéralisme politique. Du coup, les deux hommes se trouvent côte à côte, face à ces terribles incompréhensions. On parle de choc de civilisations, d?islamophobie. Les deux hommes sont face à face, le débat peut commencer. Monseigneur Tessier se veut rassurant : l?Eglise veut renouer le dialogue avec les religions monothéistes. Il cite un document que cette institution a publié en 1965 et qui «reste d?actualité». Il souligne la nécessité de renouer le dialogue avec l'autre. Monseigneur attend beaucoup du nouveau pape Benoît XVI, un religieux qui cherche le dialogue. D'ailleurs «on trouve les prémices de cette quête dans les travaux de recherche qu'il avait effectués sur le christianisme et les autres religions». M. El-Mili, auteur de plusieurs ouvrages sur le thème du dialogue islamo-chrétien, estime qu'une islamophobie s?installe en Occident et que beaucoup font l'amalgame entre «Islam et terrorisme », notamment depuis les événements du 11 septembre 2001. Mais en même temps, M. El-Mili estime que les musulmans doivent remettre en cause quelques clichés. «Les musulmans ont fermé la porte de l?ijtihad , comment veut-on évoluer dans une telle situation ?», s?interroge le professeur. Cette situation a produit des incultes qui ne connaissent pas leurs limites. Il citera à ce propos les graves dérives qu'a vécues le pays. M. El-Mili a été particulièrement critique à l?égard du courant wahhabite qui est très conservateur et figé. Il estime que «l?Arabie saoudite vit, en ce moment, les contradictions de ce mouvement». Monseigneur Tessier se demande si tous les musulmans d?Algérie savent que «le christianisme et le judaïsme sont des religions monothéistes». Le dialogue interreligions se tisse au quotidien. Dans ce sens, l?archevêque souligne qu?une rencontre interreligieuse a été organisée à l?initiative d?universitaires algériens au siège de l?Unesco et que «l'Eglise compte organiser régulièrement des rencontres avec des institutions musulmanes». Il citera El-Azhar en Egypte, la Daawa en Libye, la Rabita de l'Arabie saoudite. Cependant, l?archevêque souhaite un dialogue spirituel. C'est à ce niveau qu'il faudrait chercher ce qui lie les différentes communautés.