C'est le meilleur moyen de dresser des ponts entre les peuples. Le centre de presse El Moudjahid a abrité hier, une conférence-débat autour du dialogue entre les religions. Deux érudits représentant les deux religions monothéistes, l'islam et le christianisme, ont été invités: Monseigneur Teissier et Mohamed El Mili. Le premier est archevêque d'Alger; le deuxième est intellectuel. L'un est le représentant du christianisme, l'autre de l'islam. Deux courants empruntant deux «chemins» différents. Cependant l'objectif est unique: les deux religions cherchent Dieu en l'Homme. Toutefois, l'humain refuse et dénigre incessamment cette vérité, d'où le concept de «Choc des civilisations» très répandu aujourd'hui et qui est, de surcroît, exploité à des fins bassement politiques et politiciennes. «L'absence d'une vraie culture religieuse basée sur une réelle compréhension de soi et de l'Autre a été la première catastrophe qui frappe l'Islam de plein fouet», a soutenu Mohamed El Mili. Il a évoqué à cet effet la décennie de plomb qu'a traversée notre pays. «Des Fatwas venant de tout bord, parfois par des extrémistes, souvent par des ignorants, ont été émises». El Mili a évoqué aussi le problème que rencontre l'islam en Egypte. Dans ce pays, on ne sait pas s'il faut en rire ou en pleurer, mais, comme dirait Jacques London, «il y a des rires qui ressemblent à des sanglots». «En Egypte, l'imam d'El Azhar a donné une Fatwa selon laquelle tout Egyptien refusant de soutenir le référendum auquel a appelé le président Moubarek est un scélérat et renégat», a déclaré El Mili qui cite un quotidien algérien. Pour le conférencier, l'Islam est une religion «valable en tout lieux et à toute époque. Toutefois, le problème rencontré actuellement est l'absence d'Ijtihad». Et peut-être les événements du 11 septembre 2001 sont à plus d'un titre, un indice révélateur de la situation de l'Islam de par le monde. Pour le représentant de l'Eglise catholique en Algérie, Monseigneur Tessier, le dialogue entre les religions est le meilleur moyen de dresser des ponts entre les peuples. Il a évoqué à cet effet les rencontres qui ont eu lieu entre les Ulémas d'El Azhar et les représentants de l'Eglise catholique. Laquelle rencontre est organisée annuellement entre les deux parties. Aussi, il a cité la rencontre tenue en 2003 à Paris intitulée «Les religions en Algérie à travers les âges». «Cette rencontre s'est voulue une occasion idoine aux représentants des deux religions de se faire comprendre», a indiqué Mgr Teissier. Cependant, il soutient qu'en fin de compte, seul l'instinct humanitaire est susceptible de sortir l'humanité de cette violence qui puise sa sève de l'obscurantisme religieux. Par ailleurs, il est regrettable que les deux érudits n'aient pas abordé les questions brûlantes de l'heure, à l'instar du phénomène du prosélytisme en Kabylie, ou dans les autres régions du pays. Les conférenciers se sont contentés de citer les exemples phares et positifs ayant marqué l'histoire des deux religions. Aussi, est-il regrettable que la discussion soit à sens unique. Ce qui a fait une rencontre plate et ennuyeuse.