Si autrefois le travail avait pu être assimilé à la servitude (voir article précédent), c?est aujourd?hui une activité très valorisée. Ce n?est pas tant le travail que l?on fait qui est magnifié, mais le fait même de travailler. «Mkul khedma b qimt-ha» (chaque travail a sa valeur), dit l?adage, c?est-à-dire son importance et, partant, sa dignité. C?est un peu comme le proverbe français : «Il n?y a pas de sot métier». Mais s?il n?y a pas de sot métier, il y a de sots travailleurs et ceux-là sont fustigés. «Ma ya?âref-ch yekhdem» (il ne sait pas travailler), «ma yetqen-ch lkhedma dyalu» (il ne perfectionne pas son travail). Un proverbe kabyle va jusqu?à dire qu?«un mauvais travail menace celui qui l?a fait», c?est-à-dire peut constituer une source de problèmes pour son auteur ! Si on fustige les mauvais travailleurs, on dénonce encore plus les fainéants, ceux qui refusent de travailler. Kassul est le terme général qui désigne ces parasites, mais on dit aussi, empruntant le mot français fainéant, fenyan. Certains n?hésitent pas à appeler les fainéants parazit, mot encore emprunté au français «parasite». La fainéantise est encore appelée tfenyin. «Raqda w tmanji» (elle dort et elle mange), dit-on dans une formule qui résume l?inactivité et l?oisiveté, sous-entendu, elle (il) se prélasse et tire profit des autres. On comprend l?angoisse des chômeurs de ne pas trouver de travail : même s?ils ne sont pas responsables de leur situation, ils ont, en n?exerçant pas d?activité, le sentiment d?être oisifs. Aujourd?hui, les milliers de chômeurs mis à la porte des entreprises frappées par la crise économique n?ont que ce mot à la bouche : «Lkhedma, lkhedma» (le travail, le travail) !