Il ne se passe pas un jour sans que l?opinion publique soit informée d?un nouveau cas de corruption ou de détournement des deniers de l?Etat. La liste commence à s?allonger sérieusement. Le gouvernement y voit un résultat de sa campagne d?assainissement presque inavouée. Certains apportent de l?eau à son moulin et en veulent pour preuve le coup de filet opéré, ces derniers jours, et qui s?est soldé par la chute emblématique de «gros bonnets», à l?image de l?ex-wali de Blida et de conseillers qui au ministère de la Justice, qui à la présidence, tous impliqués dans des affaires de corruption, de surfacturation, ainsi que de détournement de deniers publics. Cependant, pour les pessimistes de l?opinion publique, cette cadence de révélations liées aux pots-de-vin, estimés à des milliards, a visé le menu fretin et épargné les gros poissons qui, eux, sont toujours là ! Le procès de l?ex-wali d?Oran est, pourtant, une première en Algérie, où des personnalités de très haut niveau de responsabilité dans la pyramide de l?Etat considérées, jusqu?à un passé récent, protégées et soutenues ont été jugées, voire écrouées. On est en droit de se demander, dès lors, si le temps de l?impunité est bien révolu. En tout cas, nombreux sont les indices qui laissent penser que cette campagne «mains propres» menée par les pouvoirs publics est loin d?être conjoncturelle. Le ton a été donné avec la condamnation de Bachir Frik, l?ex-wali d?Oran, et de certains fonctionnaires de la même wilaya. Et les enquêtes et les poursuites se sont poursuivies avec l?arrestation, plus récemment, de l?homme d?affaires Hadji et du fils de l?ex-wali de Blida ainsi que les actions judiciaires intentées contre l?ancien responsable du CHU Frantz-Fanon et la mise sous mandat de dépôt de plusieurs maires pour corruption et malversations. Cette offensive de l?institution judiciaire a, également, touché l?ancien et l?actuel chef de service des cartes grises à El-Harrach. Dans la wilaya de Skikda, les services de sécurité enquêtent sur une affaire de dilapidation du patrimoine foncier. Le ministre de la Justice, M. Belaïz, a, pour sa part, indiqué devant les magistrats de la wilaya de Batna : «Nul ne peut être désormais au-dessus de la loi, il ne peut y avoir de développement, ni de démocratie, ni de crédibilité de l?Etat sans application de la loi.» Des propos augurant une volonté des autorités de transformer ces opérations en un processus de lutte contre la corruption qui ira crescendo. Il faut y croire?