Image Des agents des gardes-frontières algériens assurent la garde. De l?autre côté de la barrière, le poste Zoudj B?ghal marocain. L?endroit semble abandonné, dépeuplé. Commerces et restaurants ont baissé rideau depuis longtemps, les murs sont lézardés, des herbes sauvages ont poussé partout. Les deux drapeaux algérien et marocain s?élèvent au loin. Notre arrivée sur les lieux suscite la curiosité des gardes marocains, l?un d?eux, vêtu de bleu, s?approche de nous. Il souhaite parler et savoir ce que l?on fait ici. Aux questions des journalistes, il répond avec hésitation. «Etes-vous prêts pour la réouverture des frontières ?» lui demande-t-on. «De quel journal êtes-vous ?» s?enquit-il d?abord avant de répondre : «Oui, nous sommes prêts pour l?ouverture des frontières, tout est prêt nous n?attendons que ça», lance-t-il, avec un sourire avant d?enchaîner : «La dernière fois, lors de l?annonce de l?annulation des visas, de nombreux Marocains sont venus au poste pour rentrer en Algérie, ils croyaient que les frontières étaient rouvertes. Oui, ils étaient tellement nombreux.» «Et vous qu?en pensez-vous ?» Le garde hésite un moment puis confie : «Vous savez si Dieu voulait la réouverture des frontières, elles seraient rouvertes et nous en serions contents nous. Seul Dieu pourra décider de le faire. Dieu a le pouvoir d?enrichir les peuples et de les déstabiliser et cette puissance aucun homme ne pourrait l?arrêter.» Pourtant, au centre-ville de Maghnia, de nombreux Marocains rentrent en Algérie pour travailler : pâtissiers, fellahs, man?uvres, ils sont prêts à tout faire. Un ouvrier rencontré au centre-ville confie qu?il habite à Oujda et qu?il travaille à Maghnia depuis trois ans. «Les chances de travail s?amenuisent au Maroc et puis nous sommes mal payés, ici je propose mes services et je m?en sors», raconte Ahmed, un quadragénaire. S?il est hébergé, il perçoit 4 000 DA/ mois, s?il ne l?est pas, son salaire ne dépassera pas les 7 000 DA. «Nous n?avons pas vraiment le choix vous savez, de nombreux Marocains viennent chercher du travail ici.» Un autre Marocain exerçant le métier de pâtissier, révèle qu?il propose ses services dans ce domaine. La préparation de nombreuses friandises et de nombreux gâteaux marocains est délicate. «Les Algériens en raffolent et je souhaite trouver un poste fixe pour me stabiliser. Je souhaite me marier», confie Karim, 26 ans. Sur son visage basané, se dessine un sourire triste. «Je souhaiterais exercer dans un hôtel ou autre pour pouvoir enfin me stabiliser sur tous les plans», affirme-t-il en précisant que chaque fin de semaine il rentre chez lui. Il lui arrive même de se rendre au Maroc, à Oujda durant la même journée et en revenir «lorsque c?est urgent, mais je suis hébergé ici».