Résumé de la 3e partie Le 20 janvier 1989, les enquêteurs récupèrent quelques débris de l'épave de la 4L ; le maître-cylindre est en bon état. Quant au corps de monsieur W., il a définitivement disparu. C'est donc une innocente qui arrive au tribunal, en octobre 1992. Une innocente que l'avocat général qualifie de monstre calculateur et froid. Dans la salle, Jacky, innocenté. Le regard clair, dur, le visage aux traits minces, un peu chauve, il semble surtout préoccupé de raconter aux jurés comment on l'aurait maltraité durant son incarcération injuste, avant de lui octroyer un non-lieu faute de preuve. Trois heures durant, il s'efforce d'oublier cette balade à Belle-Ile-en-Mer. Il dit ne pas avoir «souvenance» de ceci ou de cela, que la réceptionniste de l'hôtel invente, que le chauffeur de taxi a une drôle de mémoire, que s'il a parlé de «beaux-parents coincés dans la voiture» avant même d'avoir vu l'accident et les gendarmes, c'est une invention du chauffeur de taxi. Bref, que tout ce que l'on dit de lui, en le traitant de parasite ou d'escroc, c'est «malchance» et compagnie. Deborah ne l'accuse plus, ce qui est logique dans son système de défense, puisque le drame est un «accident» dont elle est la malheureuse survivante. Mais Deborah dit aussi une chose terrible : quand elle avait douze ans, son père l'aurait violée en présence de sa mère... Curieusement, cette allégation ne semble pas retenir énormément l'attention du tribunal. On se demande pourquoi, en effet, si cette enfant a été violée par son père et en présence de sa mère, elle est restée avec eux, dans leur maison, si proche, si gâtée, pour ne même pas en sortir une fois mariée. Jacky tient, lui, des propos bizarres sur sa belle-mère : «Elle avait une drôle de façon de m'embrasser aux coins des lèvres...» Accuser les morts, c'est à la fois facile et dangereux. S'il est vrai que Deborah a été violée par son père, avec le consentement de sa mère, on comprendrait un peu sa volonté inconsciente de détruire ses parents, d'abord en les ruinant, puis en les tuant. Le psychiatre explique que le geste de Deborah est un «crime altruiste». Deborah a voulu rendre service à ses parents en leur épargnant la réalité de leur faillite financière. Elle avait également peur de perdre son mari dans la faillite. Un coucou change de nid trop facilement. La défense a fait ce qu'elle a pu pour convaincre le jury que le «coucou» ne pouvait pas ne pas être au courant. Même s'il n'a pas participé directement, même s'il a fait semblant de ne pas comprendre ce qui allait se passer ce jour-là... Mais démontrer qu'un coucou est complice d'avoir utilisé un autre oiseau pour vider le nid qu'il convoite est une entreprise sans espoir. Ainsi, le 16 octobre 1992, à 14 heures, le coucou est libre de voler où bon lui semble. Le même jour, Deborah est condamnée à vingt ans de réclusion criminelle pour double parricide avec préméditation et circonstances atténuantes. Elle a vingt-six ans. Elle quitte le banc des accusés en silence, sans une larme, sans réaction. Au premier rang, son mari n'a même pas droit à un dernier regard. Deborah n'a pas su émouvoir les jurés. Avant qu'ils ne se retirent pour délibérer, elle n'a dit que cette phrase : «Je ne suis pas coupable.» Son mari ne les a pas convaincus non plus de sa totale innocence. D'où les circonstances atténuantes pour Deborah, probablement «sous influence». Personne dans cette histoire n'a évoqué le sort du bébé, une petite fille qui avait neuf mois le jour où sa mère a tué son grand-père et sa grand-mère.