Expérience La fabrication de l?image exige un savoir et un savoir-faire certains. Un pays sans cinéma est un pays sans image ; et sans l?image, l?on ne peut s?imposer à d?autres sociétés. L?image s?avère ainsi un véhicule de notre personnalité culturelle. Elle revêt un enjeu politique très important, aidant les détenteurs de l?outil et des techniques de fabrication de l?image à exercer une hégémonie sur autrui. Ainsi, l?image est une arme redoutable, souveraine et infailliblement opérante, aidant nécessairement à la dépersonnalisation et à l?homogénéisation du consommateur ; qui, émerveillé, séduit par la qualité et par le contenu de l?image, s?assimile facilement au discours que véhicule cette dernière. Il va jusqu?à ne plus pouvoir s?en passer. Il est alimenté par ce discours inhibiteur. L?image agit activement sur le récepteur de manière à le maintenir à jamais dans une torpeur culturelle, facilitant ainsi sa domination. Les puissances économiques, conscientes des propriétés de l?image, aussi bien de son pouvoir que de sa beauté, mènent désormais entre eux et envers les minorités une lutte sans merci, cherchant chacune à plaire et à s?affirmer. L?on parle donc, aujourd?hui, de «la guerre des images», une guerre impitoyable remplaçant l?action militaire, menée culturellement et avec une fine diplomatie contre l?adversaire. A l?ère de la mondialisation et du développement galopant de l?industrie du cinéma, à la lumière de l?essor fulgurant de l?informatique, l?Algérie doit tenir compte du pouvoir de l?image et de l?enjeu qu?elle peut susciter. Elle doit en tirer profit pour pouvoir s?affirmer et s?imposer en tant que nation au sein des forums internationaux, et disputer les premiers rangs dans les festivals. C?est par l?image qu?elle se trouve en mesure, et avec assurance, de préserver ses spécificités culturelles garantes de l?identité nationale et assurer en conséquence le développement d?un important gisement de croissance face au risque d?hégémonie internationale qu?est la mondialisation qu?imposent les grandes puissances industrielles. Produire une image exige un savoir et un savoir-faire : il faut posséder l?outil et maîtriser les techniques de fabrication. Il faut avoir un cinéma et que le secteur de l?audiovisuel soit performant, adapté aux nouvelles technologies du numérique. Reconstruire une industrie du cinéma et de l?audiovisuel signifie restitution de sa personnalité, de son identité, donc se restituer en tant qu?entité spécifique et à part entière. C?est reconquérir son autonomie, voire son indépendance culturelle, économique et même politique. L?Algérie se trouve aujourd?hui devant cette alternative : soit aller vers le renouveau et donc prospérer, soit s?enfermer sur elle-même, ce qui revient d?emblée à dire languir dans l?immobilisme.