Préméditation Tout au long des années passées derrière les barreaux, Kaddour mijotait son meurtre. «Espèce de vieux grigou, tu m?as envoyé en prison pour un malheureux larcin, mais tu ne perds rien pour attendre. Cette fois-ci, j?irai en prison, mais seulement après t?avoir tué !» Joignant le geste à la parole, Kaddour, 23 ans, appuie sur la gâchette. Deux détonations claquent. El-Hadj Mohamed, âgé de 73 ans, tombe foudroyé sur le seuil de son magasin. En entendant les déflagrations, des gens accourent de partout pour porter secours, mais hélas, il est déjà trop tard. El-Hadj Med était passé de vie à trépas instantanément. Agissant à visage découvert, il importait peu à Kaddour, l?assassin, d?être reconnu, l?essentiel pour lui étant d?avoir assouvi sa vengeance, et qu?importe la prison. Kaddour est un jeune «hittiste» habitant dans un village n?offrant aucune perspective pour les jeunes, qu?ils soient instruits ou pas. A 18 ans, il vivait encore aux crochets de sa mère qui touche une maigre pension. Dans son entourage immédiat existe un personnage riche à millions ; il s?appelle El-Hadj Med, qui possède plusieurs magasins, mais ne fait travailler que ses proches. Personnage douteux, il s?est enrichi rapidement en faisant du trabendo (trafic). Maintenant, il peut se permettre d?aller à La Mecque «bach ighsel aadhamou» (littéralement pour laver ses os), en quelque sorte faire absolution de tous ses péchés. Chaque année, il se rend aux Lieux saints de l?Islam et, à son retour, il organise des ouaâda (offrandes) pour mieux tromper son monde. Ne pouvant supporter la misère criante dans laquelle il vit, Kaddour décide, un jour, de voler l?un des magasins de El-Hadj Med. Novice en la matière, il fait le guet devant les magasins afin de connaître les habitudes d?El-Hadj Med. Sa surveillance est tellement flagrante qu?il est remarqué par El-Hadj Med et ses employés. Une nuit, muni d?un arrache-clous, il défonce la porte d?un des magasins, y pénètre et force la caisse, mais à sa grande surprise, il n?y a que quelques pièces de monnaie. El-Hadj Med compte tous les soirs sa recette et la dépose chez lui dans un coffre-fort. Dépité, Kaddour, traite El-Hadj Med de tous les noms d?oiseaux. Le lendemain matin, quand El-Hadj Med s?aperçoit de l?effraction et du larcin, il n?hésite pas à porter plainte contre Kaddour. Il l?accuse formellement, bien qu?il ne possède aucune preuve à son encontre, mais il avait vu juste. Arrêté, il avoue être l?auteur du larcin. Kaddour croyait qu?un petit vol lui éviterait la prison, mais il se trompe. Le tarif est le même, et comme le vol a eu lieu de nuit, c?est une circonstance aggravante qui mène Kaddour derrière les barreaux pour quelques années. Kaddour trouve injuste son emprisonnement. Il a écopé d?une peine aussi lourde que certains malfrats qui ont volé des centaines de millions. En ruminant ses pensées, il éprouve une haine sans bornes contre El-Hadj Med. Après avoir purgé sa peine, il se rend chez un parent, dans le but inavoué de lui voler son fusil de chasse et de tuer El-Hadj Med. Profitant d?un instant d?inattention, il subtilise l?arme et va tuer El-Hadj Med, 48 heures seulement après son élargissement. Sa vengeance accomplie, il est arrêté et le fusil de son oncle saisi.