Comparaison Le laxisme observé vis-à-vis des vendeurs de m'hadjeb pourrait être tout aussi dangereux qu'un yaourt périmé ou une eau contaminée. L'organisation récente, à Sétif, dès le début de la saison chaude, d'une journée d'information et de sensibilisation autour des risques liés aux maladies à transmission hydrique et aux zoonoses (pathologies transmissibles par les animaux) pouvait laisser penser que les autorités locales étaient déterminées à faire prendre conscience aux citoyens des risques et à agir dans le sens de la prévention. Dans les faits, les bouillons de culture, propres (enfin, propres?) à favoriser l'apparition des maladies d'origine alimentaire, foisonnent sans que l'on ressente une réelle volonté d'en combattre les origines. L'exemple le plus signifiant est cette profusion de vendeurs de m'hadjeb à tous les coins de rue, dont une bonne dizaine exerce dans l'enceinte du seul parc d'attractions de la ville de Sétif. Un plateau de cuisson (noirâtre et graisseux de préférence), une bonbonne de butane posée à même le sol, un bidon contenant une huile dont on se ressert à satiété, une table de préparation et un récipient en plastique contenant une pâte douteuse, et voilà notre vendeur paré à «servir» dans l'indifférence générale. Il est facile d'imaginer que dans ce cas d'espèce, aucune règle élémentaire d'hygiène n'est respectée : les «cuisinières» improvisées ne sont généralement pas très nettes (il n'y a qu'à jeter un coup d'?il à leurs mains et à leurs blouses, quand elles en portent) et la préparation dont on farcit la pâte molle pourrait contenir absolument n'importe quoi. Lorsqu'on sait que le parc d'attractions connaît un rush d'enfants, en particulier les week-ends, des enfants qui viennent de toutes les communes alentour et qui, fatalement, ont un «creux» à un moment ou à un autre de la journée, l'on mesure toute l'étendue d'un risque d'intoxication dont personne ne semble se soucier. Les efforts que fournissent les agents de la direction du commerce pour réprimer la fraude sur la qualité des produits alimentaires ne sont pas en cause, pas plus que ne le sont les mesures prises par l'Algérienne des eaux pour vérifier la qualité de l'eau potable. Mais les faits sont là, têtus : le laxisme observé vis-à-vis des vendeurs de m'hadjeb pourrait être tout aussi dangereux qu'un yaourt périmé ou une eau contaminée. L'on se souvient qu'une terrible épidémie de botulisme (une toxi-infection extrêmement grave qui résulte de l'ingestion de neurotoxines) avait provoqué, durant l'été 1998, la mort de 12 personnes rien qu'à Sétif à cause de la consommation de cachir avarié. Faut-il un remake de cette tragédie pour l'on daigne réagir ?