Résumé de la 4e partie En Afrique aussi, la puissance romaine soumet à la persécution les chrétiens, qui sont assimilés à une société secrète, hostile au pouvoir en place. Les Romains d?ailleurs ont parfaitement compris la portée des conversions : les convertis étaient mis devant le choix d?apostasier publiquement la nouvelle religion et de revenir au culte impérial et périr. Rome, selon la règle formulée par l?empereur Trajan, ne pouvait tolérer une secte secrète qui menaçait son existence. Cependant, devant le grand nombre des conversions, il semble que les autorités romaines n?aient pas pratiqué une répression générale. En fait, les poursuites étaient individuelles et, à l?exception de périodes d?interdiction, il semble que les chrétiens n?aient pas eu à se cacher pour célébrer leur culte. Le christianisme africain devait se montrer d?une grande vitalité et produire de grands prédicateurs, comme Tertullien et Cyprien. Il a produit aussi les premières ?uvres d?une littérature chrétienne qui devait influencer considérablement la philosophie et la théologie de la nouvelle religion. A partir de l?année 305, le nouvel empereur romain, Constantin, va adopter une politique plus conciliante avec les chrétiens, politique qui n?était en fait qu?un prélude à sa conversion puis à l?adoption du christianisme comme religion officielle de l?empire romain. C?est également au début du IVe siècle que se situe l?histoire de Salsa. On ne sait à quelle époque le christianisme a pénétré à Tipasa. Quoi qu?il en soit, au début du IVe siècle, cette religion était bien établie dans l?ancienne ville des rois maures. Mais le paganisme était encore vivace et, à l?hostilité que la foule manifestera à l?égard de Salsa, on devine qu?il avait de nombreux adeptes parmi les édiles romains et les Berbères romanisés, fervents adeptes du culte impérial, mais aussi parmi les Berbères. D?ailleurs le culte du serpent, qu?on évoque dans l?histoire de Salsa, devait faire partie des vieux cultes libyques et puniques, et s?était, peut-être, glissé dans quelque temple de dieu romain. Sous le nom du Saturne romain, ne continuait-on pas à adorer Baal Hammon, et Esculape ne récupérait-il pas la personnalité de quelque dieu autochtone, tellement il était différent du dieu des Grecs et des Romains ? Les chrétiens se recrutaient dans toutes les couches de la société, mais il semble que le gros des convertis provenait des basses classes et des esclaves, que la nouvelle religion, plus égalitariste que les cultes romains, avait attirés. Salsa a quatorze ans au moment où commence son histoire. Elle était chrétienne, mais sa famille était païenne. Peut-être a-t-elle été convertie, comme le sera plus tard Monique, la mère de saint Augustin, par quelque servante ou esclave pieuse. Quatorze ans est un âge où on se laisse beaucoup influencer, c?est aussi l?âge des passions, des envolées lyriques et, pour certains adolescents, des extases. Elle a dû être subjuguée par les mystères de la religion chrétienne et ses promesses d?un au-delà de bonheur et de béatitude pour les fidèles. Comme beaucoup de chrétiens africains de l?époque, elle devait mettre beaucoup d?ardeur et de fougue dans la pratique de sa foi. Elle ne craignait pas les persécutions, mais au contraire devait chercher le martyre pour se rapprocher de Dieu et vivre avec les saints. Saint Augustin n?écrivit-il pas : «L?Afrique est pleine des corps des saints martyrs» ? (à suivre...)