Refus Les ambitions démesurées des clubs algériens se retrouvent confrontées aux exigences des grosses pointures techniques étrangères. Après l?Italien Scoglio, c?est au tour du Bulgare Markov de décliner l?offre d?entraîner la JS Kabylie. La raison essentielle est liée à l?aspect financier, puisque, au-delà du challenge sportif qui peut être intéressant ou excitant, même si le football algérien est en nette régression, le prix à payer pour attirer un technicien de renommée internationale est hors de portée de nos clubs. La JSK n?est pas la seule à essuyer un tel revers, le Mouloudia d?Alger, qui n?avait pas réussi à garder son entraîneur français Jean-Paul Rabier pour les mêmes considérations, va-t-il échouer également dans sa quête d?engager l?autre Français, Robert Nouzaret ? Ce dernier a rencontré jeudi les dirigeants mouloudéens. Déjà Rabier aurait exigé un salaire mensuel de 11 000 euros. On devine aisément que l?émargement de Nouzaret ou de Markov ne peut être qu?au-dessus de cette barre. De son côté, l?USM Alger, l?autre grosse cylindrée du championnat, serait de nouveau sur la piste de l?Argentin Oscar Fullone. Et l?on suppose que les contacts avec ce technicien, sont sans issus si on se réfère à sa cote actuelle, estimé à plus de 150 000 dollars/mois. A moins que les usmistes n?aient décidé de casser leur tirelire pour une fois. Ainsi, les ambitions démesurées des clubs algériens se retrouvent confrontées aux exigences du marché international des entraîneurs, comme par hasard, ce sont les trois meilleures équipes du championnat (USMA, JSK et MCA) qui se retrouvent toujours sans entraîneur, alors que dans le monde des vrais professionnels le travail de préparation a déjà été entamé depuis quelques jours. Chez nous, on tâtonne, on passe en revue les CV, on surfe sur Internet, on multiplie les contacts avec les agents et les intermédiaires ou on épluche les journaux pour essayer de trouver l?oiseau rare tant recherché, avec cette particularité : gros et pas cher ! On se demande d?ailleurs comment les clubs, qui vivent une crise financière durant toute la saison sportive, se mettent tout d?un coup dans la peau de clubs riches jonglant avec les milliards comme un footeux du coin jongle avec une balle de chiffon ? Les dirigeants de clubs peuvent leurrer les joueurs camelotes qu?ils veulent engager ou bien l?opinion car cela leur profite à plus d?un titre (se remplir les poches chemin faisant et atténuer la pression des supporters), mais un technicien étranger c?est quasi impossible. En vieux routiers ou assidûment conseillés, les entraîneurs étrangers de la trempe de Scoglio ne sont pas dupes et ne peuvent pas être roulés dans la farine comme le sont leurs collègues algériens. Protégés par des agents et des contrats en béton, sous l??il vigilant de la Fifa, les techniciens étrangers sont intouchables. Par ailleurs, il y a aussi le revers de la médaille : qu?offrent nos clubs à ces entraîneurs mis à part un joli pactole ? On oublie l?autre exigence, et elle est de taille, celle de l?outil de travail : le terrain d?entraînement. On se rappelle que Rabier comme Scoglio avaient plus que souhaité disposer d?un terrain d?entraînement aux normes exigées pour toute la saison. Exigence que ni la JSK et l?USMA, qui disposent d?un terrain en tartan en piteux état, ni un MCA SDF, ne peuvent satisfaire en ce moment. Ajoutons à cela la situation générale d?un football déclinant, pollué par la violence et la corruption, et médiatiquement hors norme pour comprendre la réticence qui envahit chaque entraîneur lorsqu?il s?agit de venir en Algérie. Les Bracci, Revelli, Rabier, et autre Coste peuvent témoigner qu?il n?est jamais aisé de travailler chez nous avec le manque de moyens et une mentalité d?amateur à tous les niveaux. Pour preuve, ces quatre techniciens qui ont coaché cette saison présentent un tableau tout juste moyen avec 15 victoires sur les 40 rencontres qu?ils ont eu à gérer, comme quoi recourir à un entraîneur étranger, quels que soient son rang et ses bagages, n?est pas une finalité ni une garantie de succès dans l?état actuel des choses.