Mesures n Un vaste recensement des fonctionnaires «réellement présents à leurs postes de travail» s?impose. La chasse à des milliers de fonctionnaires «fantômes», qui hantent l?administration algérienne et dont le poids de la masse salariale est de plus en plus consistant, doit être impérativement ouverte par les pouvoirs publics s?ils entendent mettre un terme à un phénomène inquiétant et coûteux pour le budget de l?Etat. Cela s?est d?ailleurs déjà fait récemment chez nos voisins marocains et tunisiens qui, après avoir constaté les méfaits directs de l?absentéisme, ont dû immédiatement recourir à de larges opérations de recensement. Au Maroc, à titre d?illustration, une circulaire a été, en effet, transmise aux administrations pour un vaste recensement des fonctionnaires réellement «présents à leur poste de travail». Comme le Maroc, l?Algérie présente, depuis des lustres, une administration gangrenée par le phénomène des fonctionnaires «fantômes», lequel phénomène met sérieusement en doute la crédibilité du gouvernement et la réputation de l?Administration. Ainsi, tous les responsables des ressources humaines des différentes administrations publiques (intérieur, collectivités locales, éducation, justice) doivent établir un fichier informatisé des personnels «actifs» et le transmettre à la paierie principale des rémunérations. Le phénomène des fonctionnaires «fantômes» au sein de l?administration algérienne, a, de tout temps, faut-il le rappeler, inquiété le ministère des Finances : en effet, l?absentéisme, dans les administrations publiques, pompe sérieusement le budget de l?Etat affecté aux salaires des fonctionnaires. La procédure de traque de ces «fonctionnaires fantômes» doit porter sur l?identification des personnes qui exercent dans la Fonction publique à travers un formulaire d?identification que tous les employés doivent remplir et, ensuite, une vérification avec la liste des employés qui émargent à la paierie principale. Pour ce qui est des chiffres, «les fonctionnaires fantômes phagocytent annuellement plus de 10% de la masse salariale de la Fonction publique», rappelle un cadre des finances, doté de 30 ans d?expérience dans le domaine. Mais si l?absentéisme a tout le temps fait rage dans le secteur public et dans l?administration en général, chez le privé, en revanche, il est de moins en moins imposant. «C?est d?abord une question de mentalité. Dans une entreprise publique, il y a l?esprit du beylik, les couvertures complices, ce qui est loin d?être le cas dans les entreprises privées, là où le suivi et le contrôle sont plus rigoureux, là où seul le profit importe», avance comme argument un sociologue de l?université de Bouzaréah. «L?absence de chiffres et de statistiques ayant trait à l?étude de ce phénomène, pourtant aux effets pervers sur l?économie nationale, rend difficile toute approche dans le traitement de l?absentéisme et donc toute velléité d?atténuer le danger», ajoute-t-il.